Chapitre 28 ~ Des plaies éternelles

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Bonjour tout le monde ! Nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture !

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    Les valets portaient les robes, les costumes, les vases, les tableaux, déplaçaient les meubles, remplaçaient les rideaux, frottaient les vitres, c'était une dance rythmée incessante à laquelle assistait Anya sans vraiment y prêter attention.

    La muette avait fait des miracles, on ne voyait plus les énormes cernes violacés qui entouraient son regard, il n'y avait plus de teint morne mais plus une peau halée, respirant la santé et le bonheur, les gouttes qu'elle lui avait mises dans les yeux avaient effacé toute trace de fatigue, de désespoir et de douleur. Mais on ne changeait pas les sentiments.

    Son regard était perdu dans le vide, ses doigts crispés sur le canapé de velours du Roi, ses jambes tremblaient sous sa longue robe. Elle avait envie de vomir, encore. Elle avait envie de se laver, de se frotter jusqu'au sang, encore. Elle avait envie de pleurer, encore. Elle était sur le point de se briser. La seule chose qui la retenait, c'était tout l'enjeu du mensonge.

    Il y avait une main qui l'agrippait, qui l'empêcher de tomber, de sombrer, de sauter. Il y avait quelqu'un qui lui murmurait à l'oreille, quelqu'un qui lui disait que sans sacrifice, rien n'était possible. Il y avait une chaleur qui ne la quittait pas, et elle avait peur de ce qu'elle aurait fait si elle n'avait pas été là.

« Anya ?

Elle releva un regard hagard vers Adrien. Il s'accroupit devant elle, posa ses mains sur ses genoux, et elle ne put s'empêcher que cette chaleur-ci était en tous points différentes à la... sienne.

- C'était... Est-ce qu'il...

- Oui, répondit-elle seulement.

Il se crispa, des larmes embuèrent ses yeux, il baissa la tête.

- Pardon, pardon, pardon.

Il répéta le même mot longtemps, sans qu'Anya ne sache si cela dura une minute ou bien des dizaines. Pour la première fois, lui se laissa aller au désespoir. Il avait toujours cru en ce plan, et il y croyait encore, mais la voir ainsi, savoir que ce prince de malheur avait mis ses mains sur elle alors qu'elle était obligée de le laisser faire, c'était trop. Tout allait si bien, avant. Il riait avec des camarades, combattait, oubliait la couronne en faisant couler le sang d'ennemis, oubliait tout le désastre que pouvait causer un titre, oubliait que bientôt, il reprendrait ce rôle, tout en étant beaucoup plus épié.

    C'était cruel. Et cette cruauté si caractéristique du pouvoir, il la détestait plus que tout. Il avait envie d'hurler, peut-être l'aurait-il fait si Anya n'avait pas eu besoin de lui. Peut-être aurait-il pris Tristan avec lui pour s'enfoncer dans la forêt, pour crier toute sa rage, toute sa rancœur, pour crier à l'injustice. Il aurait abattu ses poings sur des arbres quelconques, aurait brisé des branches énormes, aurait piétiné le sol et son tapis de mousse. Mais là, à l'instant présent, la plus détruite, c'était Anya.

    Il se redressa, s'assit à côté d'elle et ouvrit ses bras. Elle s'y réfugia sans hésiter, ça le rassura, parce qu'au moins, ce prince de malheur n'avait pas instauré une peur continue.

- Je suis là, d'accord ? lui murmura-t-il. Toujours. Et...

- Je n'abandonnerai pas, le coupa-t-elle. Pas maintenant. Je suis forte, Adrien, et je compte bien le rester. Il ne m'aura pas, pas lui.

Il y eut comme un moment de flottement où il la vit se dégoûter que cette bête l'ait atteinte, lui, ce déchet, ce moins que rien, ce méprisable.

Anya Nina Letsov [en cours de réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant