Anya Nina Letsov [en cours de réécriture]

Chapitre 33 ~ Le bien du monde

Bonjour tout le monde ! Nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture !

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    Elle fit comme si elle ne l'entendait pas, comme si elle dormait profondément. Il se pencha vers elle, la regarda dormir – trop longtemps, d'ailleurs – puis finit par se redresser. Il sortit du lit, s'habilla sans appeler personne, elle entendit le bruissement caractéristique du velours puis celui d'une couronne que l'on déposait sur une tête, et enfin, après avoir enchaîné tout son corps, après l'avoir forcé à se pétrifier, il partit de la suite, refermant sans faire un bruit toutes les lourdes portes. Elle attendit quelques minutes, s'assurant ainsi qu'il ne reviendrait pas, et laissa ses muscles de détendre. Elle était essoufflée, elle avait dû ralentir sa respiration, lui faire croire qu'elle était profondément enfoncée dans les nimbes du sommeil.

    Pourtant, elle n'avait pas dormi. Tout comme les deux nuits précédentes. Elle avait trop peur qu'il tente quoique ce soit, elle avait trop peur de se faire réveiller par un cauchemar, elle avait trop peur de lui avouer toute la sienne. Elle savait qu'elle ne pourrait pas supporter qu'il la réconforte, qu'il l'oblige à se confier, elle ne voulait rien avoir à faire de plus que donner l'illusion d'un couple parfait, d'une femme parfaite. Au moins, à l'instant, rien de tout cela ne s'était passé.

    C'est une servante qui vint la déloger du lit. Anya la fusilla du regard mais sortit des draps, s'exposant au froid de la nuit. Le soleil était loin de se lever, ils devraient partir à l'aube, ils traverseraient la ville, montreraient toute leur puissance, tout leur amour, à quel point ils étaient identiques, ce roi et sa Reine. On ne faisait pas plus soudés qu'eux, Anya savait qu'on parlait de leur couple à travers le monde entier, en se demandant ce qu'ils feraient encore. Ils avaient l'air de deux conquérants insensibles, de deux âmes avides d'or, de terres et de trônes.

« Mes coffres ont-ils été portés en bas ? demanda-t-elle à la jeune fille.

- Il me semble, votre Majesté.

Anya voulut lui crier dessus, pour se détendre un peu, mais elle ne fit que mettre tout son dédain dans un rictus.

- Aidez-moi, au lieu de rester plantée là !

La jeune fille s'affaira, elle lui enleva son pyjama, ses yeux se posèrent sur les cicatrices d'Anya, sur son épaule et sur son flanc. Les veines de celui-ci, d'ailleurs, ressortaient anormalement, elles étaient noires, comme si ce n'était plus du sang qui coulait dedans. La Reine fronça les sourcils quand la servante s'horrifiait.

- Souhaitez-vous que j'appelle le médecin ?

- Non. C'est bon.

- Enfin, c'est...

- Une relique, la coupa-t-elle. Il n'y a pas à en faire toute une histoire. Gardez-ça pour vous.

Elle mit du temps à se remettre de son étonnement mais finit par obéir. Elle habilla Anya avec attention, prenant garde à ne pas trop toucher son corps. Elle se concentrait tellement qu'elle ne voyait même pas les yeux de sa maîtresse vagabonder dans toute la chambre. La Reine réfléchissait, encore, elle s'inquiétait puis se rassurait, elle imaginait tout ce qu'il y avait de plus extravagant et revenait au raisonnable. Mais elle ne trouva aucune explication. Devenant impatiente, elle congédia la gamine sans lui accorder la moindre marque de considération et s'assit sur le lit. Elle regarda ses mains comme si elles pouvaient lui fournir une quelconque explication, puis elle releva la tête pour voir son reflet dans le miroir, elle s'observa en cherchant une réponse, sauf que rien n'avait changé.