3. Hannah

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Il me regarde, surpris et mal à l'aise. Ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je m'interroge car je ne comprends pas sa réaction, ni d'ailleurs pourquoi il est venu s'installer ici plutôt que chez sa copine...

Ses yeux noisette me sondent, mais je n'ajoute rien, attendant sa réponse. Je reprends la bouteille de bière et bois au goulot afin de me donner un peu de contenance face à son silence. Il fourrage une main dans ses cheveux et prend une grande inspiration.

- Tay ne t'a pas dit ? lâche-t-il enfin.

- Non, me dire quoi ?

- On n'est plus ensemble.

J'écarquille les yeux, étonnée de cette révélation. Je pensais que c'était le grand amour entre eux. Ils avaient même officialisé leur relation sur les réseaux sociaux en fin d'année. Je me sens un peu idiote d'avoir posé la question, ne m'attendant pas du tout à cette réponse.

- Je ne savais pas, je suis désolée.

- T'en fais pas, c'est moi qui ai pris la décision.

- Il n'empêche que ce n'est jamais simple.

Il hausse les épaules en s'accoudant au plan de travail et en me regardant intensément.

- Je crois que c'est quand même plus facile pour moi. Elle a eu du mal à l'accepter, se confie-t-il.

- Ah ? dis-je en ouvrant la porte du frigo pour prendre le tupperware dans lequel se trouve la pâte à pizza préparée la veille.

- Ouais... Elle est passée par plusieurs phases ; de la supplique à l'insulte, aux pleurs. Enfin, tu vois le truc.

Je hoche la tête en récupérant de la farine et le rouleau à pâtisserie. J'hésite à lui poser la question qui me brûle les lèvres.

- Vas y, demande-moi, tu en meurs d'envie, m'encourage-t-il d'un sourire.

- Pourquoi tu l'as quittée ?

- À ton avis ?

Je hausse les épaules tout en éparpillant de la farine sur le plan de travail. Il se lave les mains et sort la pâte à pizza de la boîte puis la pose sur la farine.

- Je me suis rendu compte que je ne l'aimais pas autant que je pensais.

- Hum...

Je commence à travailler la pâte sans savoir trop quoi lui répondre. Il comble le silence en m'en disant davantage, ce qui m'évite de passer pour une sans cœur à ne pas trouver les mots pour le réconforter.

- Elle était toujours à droite à gauche, à s'occuper des autres, à faire en sorte que la planète aille mieux... Ce qui est vraiment noble de sa part. Mais au bout d'un moment, je me suis aperçu, qu'elle ne me manquait pas.

Noah me tend le rouleau que je saisis, toujours murée dans le silence. J'étale la pâte grâce à l'ustensile et la façonne du mieux que je peux, en essayant de faire un cercle. Il n'est pas mal, même s'il n'est pas parfait.

- C'est terrible de découvrir cette sensation, ajoute-t-il. Croire que tu aimes quelqu'un, mais qu'en fait sa présence ne t'est pas indispensable. Ça m'était jamais vraiment arrivé.

- Vous n'êtes plus ensemble depuis quand ?

- Mi-janvier.

- Ça fait seulement 2 mois, elle va peut-être finir par te manquer.

- Est-ce que ça n'aurait pas déjà été le cas ?

- Si, sans doute.

- Donc, c'est ce qui me fait dire que je ne me suis pas trompé.

- C'est dommage, je l'aimais bien...

Il me regarde et rit dans sa barbe.

- Elle non !

Je lui jette un regard de connivence et souris.

- T'es sûr ? On ne peut pas dire qu'elle ne m'appréciait pas, c'est juste que...

- Oui ?

- Je pense qu'elle était jalouse de ça...

Je le désigne et je me désigne.

- De notre complicité, tu veux dire ?

- Oui, de notre complicité. Franchement, la dernière fois qu'on s'est vu, j'ai cru qu'elle allait te lécher pour marquer son territoire.

Il rit franchement cette fois.

- Arrête, pas à ce point.

- Si, je t'assure. En tout cas, je n'avais rien contre elle et je trouve dommage qu'elle n'ait même pas essayé de me connaître. Ou d'au moins faire un effort.

- Elle répondait à tes questions, c'était déjà un effort.

- Ouais, tu parles !

- Elle n'était pas jalouse que de notre complicité... avoue-t-il à voix basse. Je crois qu'au fond, elle était aussi jalouse de toi.

- De moi ? C'est ridicule. Tu l'as vue et tu m'as vue ? On n'a rien à voir.

- Justement. Elle savait que...

Il s'interrompt, les joues rouges et boit à sa bouteille. Il va vers le frigo et l'ouvre.

- Il faut quoi d'autres comme ingrédients ? Sauce tomate ? Ah ! Mozzarella, champignons et jambon italien.

Il les sort tous et les dépose devant moi. Je le regarde fixement et il prend un air de chien battu.

- Tu ne vas pas t'en tirer comme ça Centineo. Elle savait que quoi ?

- Bah... Elle savait que tu es mon type de filles.

Je hausse les sourcils ; depuis quand est-ce que Noah Centineo a un type de filles et depuis quand est-ce que j'en fais partie ?

- C'est clair qu'une mannequin mondialement connue, hyper bien foutue, active militante pour défendre la planète, bourrée de qualités et j'en passe ne fait pas le poids à côté de moi !

- Cela n'a rien à voir, c'est certain.

- Ah ! m'exclamé-je fièrement.

- Non, je veux dire qu'elle et toi êtes diamétralement opposées, mais cela fait quand même de vous des personnes... incroyables. Chacune dans un style différent.

- Ça m'étonne quand même un peu. Elle ne renvoie pas l'image d'une fille qui manque de confiance en elle.

- Elle n'en manque pas, mais avec toi, ça a toujours été... Je sais pas, étrange.

- Ah ouais... Bizarre.

Il hoche la tête plusieurs fois en souriant. On finit de préparer la pizza méthodiquement et en silence.

- Du coup, c'est quoi ton type de fille ? demandé-je un sourire en coin.

- Baaaah tu sais...

- Intelligente, drôle, belle, talentueuse, incroyable, généreuse...

- Wow wow wow, me coupe-t-il, tu oublierais pas arrogante aussi ?

Je fais la moue avec ma bouche comme si je réfléchissais et je roule des yeux.

- Ok, j'exagère sans doute, mais tu n'as pas répondu à ma question !

- Toi non plus.

- Laquelle ?

- Qui est John ?

Quarantine with Noah CentineoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant