Chapitre 10

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Ethan

La porte s'est à peine refermée que je m'en veux déjà. Je me suis comporté comme un con en chassant la seule personne qui me donnait envie de me battre. Je me laisse glisser dans mon canapé -mon seul allié en ces temps difficiles- et je souffle lourdement en passant mes mains dans mes cheveux. Mes lèvres remuent l'une sur l'autre pour apprécier encore le goût de fraise qu'elle y a déposé. Plus jamais, ce parfum ne se perdra sur ma bouche.

Je ne suis qu'une espèce de gros naze !

Lorsqu'un léger coup se fait entendre contre ma porte, l'espoir immense de la voir revenir m'envahit. C'est elle ! je pense, complètement excité par cette idée. Je relève la tête et la tourne légèrement vers la porte, un sourire débile sur la bouche. Malheureusement, mes espoirs sont réduits à néant lorsque ma nièce apparaît. Qu'est-ce que je croyais ? Qu'elle allait faire irruption et me sauter sur les genoux en m'embrassant fougueusement ? Baliverne !

Elle ne reviendra pas mec, tu l'as jetée comme une malpropre !

— Salut, oncle Ethan !

Ma nièce dépose un baiser sur ma joue tout en mâchouillant un chewing-gum.

— Salut, ma grande !

— Comment ça va, p'tit frère ? s'informe ma sœur, Julia, en posant sa main sur mon épaule.

J'esquisse un léger sourire, à des lustres de celui que j'arborais il y a quelques secondes, toute joie disparue comme par magie. Elle jette un regard exaspéré à son mari, qui dépeint ce qu'elle pense de mon humeur du moment.

Il est encore dans un de ses mauvais jours !

Jeremy n'y prête pas vraiment attention et s'avance vers moi d'un air détaché .

— Salut, mon pote !

— Salut ! je lance d'un ton morne en attrapant sa main.

Ils s'installent sur le canapé qui me fait face et me scrutent dans un silence gênant, ne sachant s'ils doivent m'adresser la parole ou me laisser faire la gueule tranquillement.

— Vous voulez un café ? je propose pour briser ce moment de calme absolu. Il y en a encore dans la cuisine.

— Bonne idée ! rétorque aussi vite Julia. Tu viens me donner un coup de main, Camille ?

Je souris lorsque je vois ma nièce de quinze ans pousser un long soupir avant de se lever difficilement du canapé. Elle rejoint sa mère en traînant les pieds, son visage rivé sur son portable, et elles disparaissent dans la cuisine.

— Tel oncle ! Telle nièce ! affirme Jeremy en retroussant un coin de sa bouche.

— Tu m'étonnes ! je réplique en souriant.

— On a croisé une jeune femme dans le hall, c'est la kiné dont nous a parlé ta mère ?

Mon regard brille à l'évocation de ma petite "emmerdeuse" et je souris comme un con.

— Ouais, c'est elle ! Enfin, c'était ma kiné, mais elle ne l'est plus !

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Disons que...pff (je me prends la tête dans les mains et essaie de faire court) il y avait de l'ambiguïté dans cette relation.

Il jette un regard par dessus son épaule, en direction de la cuisine, et murmure :

— Je veux bien te croire ! Elle est canon !

Des images de cette jolie blonde me taquinent douloureusement.

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant