Candice
Sans grande conviction, je passe cette robe rouge que j'adore. D'habitude, elle me fait sentir féminine et sûre de moi. Mais ce soir, mon reflet dans le miroir semble erroné. Les traits de mon visage sont tirés et me donnent un air sévère. Je n'arrive pas à esquisser un vrai sourire, ce n'est qu'un rictus immonde qui déforme mes lèvres. Même le soleil de ce mois d'août n'a pas hâlé ma peau, elle est d'une blancheur cadavérique. En soupirant, je tapote mes joues pour leur donner un peu de couleur.
Seule, cette douleur omniprésente se manifeste à chaque battement de mon cœur. Il souffre depuis trois interminables mois. Trois mois pendant lesquels j'ai perdu toute joie de vivre. Trois mois de larmes, que mes amies n'ont pas réussi à tarir. Elles n'ont pourtant pas manqué d'imagination pour me changer les idées, mais toute tentative s'est soldée par un cuisant échec.
Ethan me manque.
Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai eu envie de l'appeler. Je ne l'ai pas fait. Il n'a d'ailleurs jamais pris l'initiative de le faire.
Frustrée, je dévie les yeux de ce fichu miroir. Tout en inspirant profondément, je secoue la tête pour empêcher mes larmes de tomber.
Allez Candice, tu peux le faire ! je me motive intérieurement. Ce n'est pas la mer à boire, juste une soirée karaoké !
Encore un subterfuge pour essayer de me regonfler le moral. Les filles savent parfaitement que je suis toujours partante pour ce genre de divertissement. Ce soir, je n'en suis pas véritablement enchantée. Pourtant, je me dois de leur faire ce petit plaisir. Par ma faute, elles rament depuis des mois. Je redresse les épaules et attrape mon sac.
Il est temps que je les récompense pour leur immense patience.
J'ai à peine posé un pied dans ce bar, qu'un tas de souvenirs m'accablent. C'est dans cet endroit, qu'Ethan et moi avons gentiment flirté. La nuit qui a suivie, il a allumé un feu insatiable. Ce brasier est toujours là, dans mon bas ventre, mais en état de latence.
Bon sang, ça ne passera donc jamais !
Plus grognon qu'avant mon arrivée, je pense tristement à ma couette et à mon paquet de chamallow, qui m'attendent sagement à la maison. Les lèvres pincées, je repère mes deux amies, et me laisse choir dans le canapé.
— Ça va, ma belle ? s'enquiert Alice en posant sa main sur la mienne.
Je hoche la tête, en esquissant un sourire plus enthousiaste. Apparemment, il n'est pas assez convaincant, puisqu'elles se lancent un regard éloquent sur l'humeur de chien que j'ai amené avec moi. Je ne sais pas si elles auront mieux que ce sourire de façade. Béa ne se laisse pas abattre, d'un air enjoué, elle me tend un verre de Mojito.
— Bois et laisse-toi aller !
Si je devais noyer mon chagrin dans l'alcool, il me faudrait davantage qu'un verre. Je pense surtout à quelques bouteilles. Heureusement pour moi, et pour mon foie, je boude ce petit travers. Pour faire tout de même plaisir à mes amies, je trempe mes lèvres dans ce liquide vert et repose mon verre dans la foulée.
La soirée s'étire. Les filles tentent l'impossible pour me faire rire, mais je n'arrive pas à me détendre. Lorsqu'elles me proposent de les suivre sur la piste de danse, j'accepte uniquement pour leur permettre de s'amuser aussi. Je vois bien que ma morosité les empêche de lâcher prise, alors j'essaie de faire un effort. Sans grande motivation, je remue lascivement sur une chanson d'Elie Goulding. Béa et Alice sont déjà parties en chasse. Le collé-serré est de mise, ce qui me dérange pas ces messieurs, ravis de leur approche plutôt suggestive. Un nombre incroyable de mecs leur sont passés entre les mains, et pourtant elles n'ont pas encore trouvé chaussures à leurs pieds. Certains tentent leur chance avec moi, mais un simple regard incendiaire les fait déguerpir. Je résiste encore quelques minutes, puis décide de quitter la piste. Mollement, je reprends place sur le canapé, la mine renfrognée. Les filles délaissent ces hommes, frustrés par leur départ, et ne tardent pas à me rejoindre.
VOUS LISEZ
la vie arrachée
Любовные романыA trente-huit ans, Ethan mène la vie qu'il souhaitait. Un métier qui le comble. Une femme qu'il adore. Lorsque, à la suite d'un accident de la route, ce gendarme perd l'usage d'une de ses jambes, son monde s'écroule. Non seulement, il se sent dimin...