Chapitre 11

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Ethan

J'ai passé de longues heures, allongé dans mon lit, les mains sous mon crâne et les yeux grands ouverts. J'ai ressassé maintes et maintes fois la conversation que j'ai eu avec Julia. Plus j'y pense, plus j'ai la certitude qu'elle a dit vrai.

Ça ma coûte de dire ça, mais sur ce coup là, ma sœur n'a pas tout à fait tort.

Je me suis permis de juger une femme que je connais à peine, avec laquelle je n'ai échangé que des banalités. Comble de tout, je l'ai mise à la porte de mon appartement sous prétexte qu'elle m'attire. La peur de me faire jeter à nouveau m'a sans doute forcé la main. Même cette stupide barrière de l'âge me paraît maintenant dénuée d'intérêt. Dés que j'ai posé les yeux sur elle, j'ai su qu'elle allait m'attirer des emmerdes.

Et quelles emmerdes !

Me voilà donc en train de chercher, au beau milieu de la nuit, toutes les excuses inimaginables pour me voiler la face. Je pensais ne pas combler ses attentes. Après tout, je ne suis qu'un homme estropié au caractère de chien, mais elle est revenue. Elle ne le fera pas cette fois, je suis allé beaucoup trop loin dans mon délire.

— Bon sang ! je feule en passant mes mains sur mon visage.

Cette nana ne mérite pas la façon dont je l'ai traitée.

Elle a dû se sentir rejetée, bordel !

Avec du recul, je me sens minable d'avoir fait ça. Au lieu d'apprendre à la connaître, je l'ai dégagé de ma vie tout comme Clara l'a fait avec moi. Je comprends ce qu'elle a pu ressentir. Je devrais peut-être me fracasser la tête contre un mur ? Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi, bordel ? A cet instant, elle doit avoir fabriqué une poupée vaudou, dans laquelle elle pique minutieusement de petites aiguilles.

Aie ! Elle vient d'en planter une dans mon cœur !

Elle ne me pardonnera pas, c'est certain ! Miss l'"emmerdeuse" a sa fierté tout comme j'ai la rancune tenace. Je n'ai pas accordé mon pardon à Clara, bien que sa présence ait ranimé des tas souvenirs en moi. Je ne crois pas un instant que ma merveilleuse kiné m'octroie le sien. Un seul de ses regards a pourtant suffit à me déstabiliser, à me sortir de mes derniers retranchements, à me faire sentir plus vivant que jamais. Je me demande si un jour, j'aurais l'occasion de replonger dans ses magnifiques yeux couleur émeraude.

— Et merde ! je râle en me redressant.

Inutile de chercher le sommeil, mon cerveau fulmine, prêt à exploser. J'attrape mon fauteuil pour m'y glisser lourdement et je rejoins le salon. Je m'installe dans la canapé, la tête contre des coussins et je glisse vers Netflix. Peut-être qu'un bon film d'action me permettra de penser à autre chose qu'une jolie blonde hyper sexy, m'arrachant les yeux sans scrupule ? Malheureusement, je n'arrive pas à me concentrer sur ce que je vois à l'écran et sans que je m'en rende compte, mes paupières clignent lentement jusqu'à m'envoyer au pays... des cauchemars.


Je me réveille en sursaut, le front en sueur d'avoir bataillé toute la nuit avec une super-héroïne aux cheveux blonds qui m'infligeait  une vilaine correction. Je mets quelques secondes avant de m'apercevoir que c'est la sonnerie de mon portable, la coupable de ce réveil forcé. Je l'attrape, prêt à en découdre avec l'abruti qui m'appelle à cette heure. Je me redresse aussitôt lorsque je lis le nom de mon collègue.

— Salut, Thibaut ! je lance d'une voix pâteuse.

— Salut, Ethan ! Je ne te réveille pas ?

— Non ! Tu plaisantes !

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant