la vie arrachée

Chapitre 19

Candice

Appuyée contre le mur extérieur du cabinet, je resserre les doigts autour de mon téléphone. Je ne sais pas où trouver le courage nécessaire pour appeler Ethan, mais je dois le faire. Il est hors de question que je continue de le voir alors que mon frère est responsable de son accident. Je me sens exténuée, brisée. Mon infertilité me semble soudain si ridicule. Il aurait pu le comprendre, voire même s'en accommoder. Mais ça ! Impossible qu'il me pardonne ! Alors, je ne vais pas le lui dire. En aucun cas, il ne doit connaître la vérité. Je vais simplement abréger ce que nous avons commencé... enfin, si un début de relation avait vu le jour.

De mon côté, c'est bien le cas. Mais du sien ?

Les mains tremblantes, je compose son numéro. La sonnerie retentit une fois, deux fois, trois fois comme les battements répétés de mon cœur, qui cognent lourdement dans ma poitrine. Sa voix retentit, grave et mêlée d'inquiétude. Au fond de moi, j'espérais qu'il ne décroche pas, que je ne sois pas obligée de faire ça.

— Candice !

Je fermes les yeux, la gorge serrée. Les mots stoppent au bord de mes lèvres, sans doute pour m'empêcher de faire la plus belle connerie de mon existence. Face à mon mutisme, il enchaîne :

— Je sais que tu as croisé Clara. Il faut que tu viennes pour discuter de tout ça !

Oh mon dieu ! Je me sens défaillir. Mes jambes me lâchent et je glisse le long du mur pour atterrir sur le sol, les genoux repliés sur ma poitrine. S'il n'y avait pas cette histoire d'accident, j'aurais accouru aussi vite. Je me sens minable, mais je n'ai pas le choix.

— Je ne viendrai pas, Ethan ! Cette nuit était une erreur, on ferait mieux d'arrêter là !

Je mors ma langue pour m'empêcher de crier que tout ça est entièrement faux. J'ai mal, si mal de le rejeter de cette manière. Je critique son ex, mais je me comporte comme elle.

— Tu n'as rien ressenti entre nous ?

La détresse dans sa voix me compresse davantage le cœur. Des larmes coulent sur mes joues et finissent leur course sur mon jean.

Bien sûr que si ! Je n'ai jamais éprouvé ça pour aucun homme.

— Je suis désolée !

Je pose ma main sur ma bouche pour retenir mes sanglots. Je me déteste. Un nouveau silence s'installe, oppressant, pesant, étouffant. Sa colère explose, cinglante et brutale.

— J'étais quoi pour toi ? Un coup de plus sur la liste de tes innombrables conquêtes ?

Ses paroles sont dures et me font l'effet d'une énorme claque. Je voudrais lui dire que cette nuit a été merveilleuse, mais je ne le fais pas.

— Clara a raison ! crache-t-il d'un ton si dédaigneux que je sursaute. Tu t'es bien foutu de ma gueule !

L'idée que cette garce ait pu raconter des inepties sur mon compte, ravive ma colère. Je n'ai pas le temps de me défendre, qu'il continue sur sa lancée.

— Tu es comme elle, en fait ! Tu prends les mecs, tu les utilises et tu les jettes ! crache-t-il avec virulence.

Je ne peux pas le laisser penser ça de moi, même si je viens de lui en fournir toutes les raisons.

— C'est faux ! je hurle. Je ne suis pas ce genre de femme !

— Alors pourquoi tu me rejettes ? crie-t-il à son tour.

Je n'arrive plus à me contrôler, il faut que je lui dise avant qu'il ne me prenne pour la plus belle des salopes. Avec tout le courage qu'il me reste, je lui balance la vérité :