Chapitre 15*

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Ethan

Il fait encore nuit noire quand j'entrouvre les paupières. Je ne sais pas combien de temps j'ai cuvé, mais pas suffisamment pour calmer la douleur qui me vrille l'intérieur du crâne. Seule la lumière des réverbères éclaire ma chambre, mais c'est largement suffisant pour me faire grimacer. Les yeux plissés, je masse mes tempes pour estomper ces coups de marteau incessants.

Bon sang ! Ça faisait un bail que je n'avais pas pris de cuite !

Je me souviens vaguement d'avoir enchaîné quelques Desperados tout en flirtant avec ma belle "emmerdeuse". Je crois même lui avoir fait des propositions plutôt directes puis, c'est le trou noir. Je n'ai aucune idée de la façon dont je suis rentré, ni même comment j'ai atterri quasi à poils dans mon lit.

J'attrape fébrilement la bouteille d'eau posée sur le sol et en bois une longue gorgée. L'alcool rend euphorique, mais n'hydrate pas ! C'est en pivotant vers la droite que je la voie, la tête reposant sur l'oreiller voisin. Mon cœur part au quart de tour et je reste figé comme un con. Paniqué, je farfouille ma mémoire à la recherche d'un indice, même insignifiant, qui m'aiguillerait sur sa présence. Mais rien ! Pas l'ombre d'un souvenir !

Oh bordel ! J'espère que nous n'avons pas...

Le fait qu'elle porte encore cette foutue robe me rassure un peu. L'irréparable a peut-être été évité ! Pourtant, à cet instant, des tas d'idées moins reluisantes les unes que les autres me taquinent méchamment. En appui sur mon avant-bras, je laisse mes yeux se balader à leur guise sur cette silhouette plus que bandante. Je lorgne ses jambes interminables en les imaginant entourer comme des lianes autour de mes hanches. Je jette un œil dans le décolleté de sa robe. Des seins généreux débordent d'un soutien-gorge noir. Ils ont l'air fermes et durs. Un vrai régal pour les mains. Sa bouche engendre des images beaucoup plus érotiques. Ses lèvres glissant le long de ma bite et sa langue la goutant sans relâche. L'acteur principal de ce film X vient de se réveiller brutalement, me faisant frissonner. Mes mains me démangent de dessiner la délicieuse courbure de ses hanches, ou de s'emmêler à cette masse de cheveux blonds. Je pense alors avec frustration qu'elle m'a sans doute déshabillé, que ses doigts ont frôlé mon corps. J'étais tellement bourré que je ne me rappelle de rien.

Je me laisse tomber contre mon oreiller, les mains posées derrière mon crâne. J'expire en fermant les yeux.

Allez, mec ! Ne te fais pas de films ! Il ne se passera rien avec cette gonzesse, parce que tu t'es promis de ne pas la toucher. Rappelle-toi ! Elle est trop jeune !

Fort de ces bonnes résolutions, je tente de retrouver le sommeil. C'est peine perdue ! D'un léger mouvement, l'objet de mes fantasmes se retrouve coller à moi, le visage contre mon torse. Sa main se pose par inadvertance sur mon ventre. Par pur reflexe, mes abdos se contractent et ma respiration se coupe.

Bordel ! Je ne vais pas tenir longtemps !

Les dernières barrières de mon self contrôle s'effondrent une par une. Je retire une main de sous mon crâne et survole ses cheveux. Un parfum vanillé envahit mes narines et me met l'eau à la bouche.

Ce petit geste la sort doucement de son sommeil. Elle s'étire langoureusement et fait glisser le bout de ses doigts vers mes pectoraux. Ses paupières battent à plusieurs reprises, puis soudain elle se redresse brusquement.

— Eh ! Du calme ! je la rassure en la retenant contre moi. Tout va bien !

Ses yeux d'un vert époustouflant me chopent de plein fouet. Elle avise sa main, posée sur mon torse, puis me dévisage, le souffle court. Nous restons quelques minutes, figés par cette situation et par la suite torride qu'elle peut engendrer. Lorsque sa main caresse ma joue, je sais que tout va déraper. Toutes les raisons stupides, que je me suis inventé pour la tenir éloignée, désertent ma tête. Seule l'envie douloureuse de la sentir autour de ma queue garde la pole position. Avant de franchir le seuil de non retour, je dois l'avertir que je ne suis qu'un homme diminué.

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant