Chapitre 22

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Candice

Après l'effervescence de ce week-end, le calme oppressant qui règne dans mon loft me déprime à nouveau. Un profond soupir de désespoir franchit mes lèvres. Je laisse tomber mon sac sur le parquet du salon, et m'assois sur le canapé. La tête entre mes mains, je me sens de nouveau assailli par tous un tas de mauvais souvenirs. Je me recroqueville, les jambes repliées sous moi, et je commence à sangloter. De petits soubresauts secouent mes épaules, des larmes inondent mes joues et s'échouent sur mon jean.

J'ai mal !

Je me suis pourtant jurée de ne plus penser à Ethan, mais ça semble plus difficile qu'il n'y paraît. Tirer un trait sur lui est inconcevable.

Il a marqué mon corps au fer rouge.

Pourtant, le destin a décidé de nous séparer, alors rien ne sert de lutter. Certaines personnes ne sont pas faites pour se rencontrer, et lorsque ça se produit, tout explose.

Un désastre. Un tsunami.

Il n'y aura jamais de perspective d'avenir entre nous. Ethan me hait. Il m'a dit des choses affreuses, et je peux le comprendre. Mais il ne sait rien de moi, de ces démons qui m'habitent, de mes peurs et mes désillusions.

Bryan m'a fait souffrir autant qu'il l'a meurtri.

Les lésions, dont j'ai souffert, m'ont ôté toute possibilité d'être mère. Instinctivement, je passe ma main sur cette cicatrice, qui me rappelle douloureusement que mon ventre sera à jamais vide.

La sonnerie de mon portable retentit brusquement, je l'ai presque oublié. Soigneusement posé sur le bureau de ma chambre, il prend un repos bien mérité. Sur l'écran s'affichent dix appels en absence d'Ethan et mon cœur se serre. Quand je décroche, la voix inquiète de Béa envahit mes oreilles.

— Ma belle, on s'inquiétait ! Comment tu te sens ?

— J'ai connu mieux !

— J'ai acheté une bouteille de mojito, histoire de noyer toute cette histoire dans l'alcool.

Je n'ai vraiment pas le cœur à boire, mais je ne peux pas non plus leur refuser une visite. Je lâche un "oui" peu convainquant.

Moins de quinze minutes plus tard, mes deux amies débarquent. Rien ne sert de mentir sur l'état dans lequel je me trouve. Mes yeux gonflés et mon nez, qui a pris l'apparence d'une grosse pomme rouge, me trahissent. Elles me gratifient d'un regard remplit de compassion, puis m'étreignent chacune à leur tour. En traînant les pieds, je les emmène dans le salon.

Si je persiste à me briser le cœur, une pancarte « QG de crise » va bientôt venir s'y greffer.

Béa me tend la fameuse bouteille de mojito et grogne aussitôt :

— C'est entièrement de ma faute ! Je n'aurais jamais dû accepter de prendre un verre avec eux.

— Ne dis pas n'importe quoi ! je la rassure. Un jour ou l'autre, toute cette histoire aurait explosé au grand jour.

La bouteille entre les mains, je rejoins le coin cuisine. Je la débouchonne, attrape trois verres, dans lesquels je laisse tomber quelques glaçons, et pose le tout sur un plateau.

— Comment a-t-il pris la nouvelle ? m'interroge Alice en me suivant des yeux.

J'expire profondément. Des bribes de notre conversation s'immiscent dans ma mémoire, et me nouent la gorge. Je ferme les yeux quelques instants pour empêcher mes larmes de couler, puis je secoue la tête en essayant de faire bonne figure.

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant