Chapitre 24

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Ethan

Je n'ai que ce que je mérite !

Candice m'a gentiment raccroché au nez, sans me laisser le temps de lui répondre. J'ai bien saisi ce qu'elle ressent et j'approuve à cent pour cent. À force de jouer au connard égocentrique, à ce gars pervers qui écrabouille ses sentiments, il fallait que ça me retombe sur la gueule.

Combien d'excuses bidons je me suis inventé pour l'occulter de ma vie ? Trop à son goût !

J'aurais dû l'écouter et lui faire confiance. J'ai préféré refouler ce que je ressentais, plutôt que d'admettre que cette nana me plaît. Un lâche, voilà ce que je suis ! Un idiot, qui a choisi de noyer ses problèmes dans l'alcool ! Le résultat est pitoyable. Non seulement, je me suis ridiculisé devant ma mère et ma sœur, mais il a fallut que mon ex foute en l'air toute perspective de relation, avec la seule femme qui me donnait envie de me battre.

Pourtant, ma bouche affiche un petit sourire.

Candice m'a demandé du temps, ce qui sonne à mes oreilles comme un foutu défi. Ce temps, je vais en faire mon allié pour secouer cet homme fort et déterminé qui sommeille en moi. Je veux retrouver celui qui ne reculait devant rien, le mec combatif et courageux. Plus motivé que jamais, je rejoins ma chambre. Il faut que je me reprenne en main, je me suis laissé aller bien trop longtemps. Cet état végétatif dans lequel je me suis plongé, ce n'est pas moi.

Ce ne sera plus moi !

En faisant tourner les roues de mon fauteuil à grands coups de bras, je m'approche de ma barre à traction, et y soudent fermement mes mains. Je pousse un cri rauque, provenant du fin fond de mes tripes, et me hisse de toutes mes forces. Une traction. Deux. Trois... Je les enchaîne en oubliant la douleur dans mes muscles endoloris par un manque d'activité. Les paroles de Candice me stimulent à ne rien lâcher. Pour moi. Pour elle.

— Je ne suis pas une poule mouillée ! je grogne entre mes dents, en disséquant chaque syllabe. Je suis Ethan Mallard, adjudant de la Gendarmerie, et j'emmerde ces putains de fixateurs qui me bousillent la vie.

Je me laisse tomber sur mon fauteuil, à bout de souffle mais satisfait. La tension, qui s'est installée dans mes bras, est la preuve irréfutable que je suis bien en vie.

Putain, ça fait du bien !

Ravi de ce regain d'énergie qui s'empare de moi, je file sous la douche. Je me débarrasse de mon jogging et m'agrippe aux poignées afin de me relever. Fermement campé sur mes deux jambes, je me délecte du jet d'eau, qui dénoue mes muscles échauffés. Je fais abstraction de ces tiges en fer qui transpercent ma chair. Je chasse d'un coup de pied aux fesses mes idées noires. Je fais un doigt d'honneur à ma morosité.

Je suis Superman !

Habillé et revigoré, je m'installe devant la fenêtre de mon séjour. La vue sur la ville, qui me rendait si amer, me souffle une envie de repartir à l'assaut de ses routes. Les bruits, qui d'habitude me rendent nerveux, me redonne goût à la vie extérieure.

Je n'ai plus peur ! Je suis Superman !

Déterminé, j'entreprends de rendre cet appartement plus vivable qu'il ne l'est. Un capharnaüm digne d'une décharge publique envahit les lieux. Je ferais mieux d'y remédier avant que ma mère et ma sœur ne débarquent. Je ramasse les cadavres de bouteille qui s'alignent sur la table basse. Je remets en place les coussins qui traînent sur le sol. Je fais mon lit et jette dans la corbeille en osier toutes les fringues sales qui jonchent le sol. Des bruits de voix retentissent alors que je remplis un seau avec de l'eau. Moins de trois secondes plus tard, Julia et ma mère apparaissent dans l'embrasure de la porte.

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant