Chapitre 9

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Candice

Des larmes coulent sur mes joues tandis que je m'engouffre dans l'ascenseur. Je ne suis pas certaine qu'un jour je quitte cet appartement avec le sourire. Il m'a demandé de partir et c'est entièrement de ma faute. Je lui ai clairement fait savoir qu'il m'attirait, je lui ai dit qu'elle ne le méritait pas. J'ai merdé, encore une fois.

Mais qu'est-ce qui m'a prit ? Maintenant, je passe vraiment pour une allumeuse !

Je sors de l'ascenseur, les jambes tremblantes, le cœur battant à une vitesse folle et la tête tambourinant vivement. Je baisse les yeux quand je croise un couple qui entre dans le hall de l'immeuble, accompagné d'une adolescente. Je sens leurs regards sur moi, alors je me hâte de pousser la lourde porte en verre pour prendre une longue bouffée d'air frais. Je parcours les quelques mètres qui me séparent de ma voiture, la tête basse, les bras croisés contre ma poitrine. J'ai froid, je me sens tellement mal. Je n'arriverais pas à travailler dans ces conditions, je ne m'en sens pas le courage. Je m'installe derrière le volant de ma petite citadine et je laisse tomber ma tête entre mes mains.

Pourquoi est-ce que j'ai aussi mal ?

Je n'ai pas de vrai relation avec lui, si ce n'est celle d'une kiné et d'un patient. Ce n'est ni amical ni platonique et pourtant, c'est comme si je venais de me faire larguer après plusieurs années d'une histoire torride et passionnelle. Je n'ai jamais ressenti autant d'attirance pour un homme. Je me trouve idiote de lui avoir fait entrevoir des sentiments dont j'ignorais encore l'existence, il y a quelques minutes.

Manifestement, ces sentiments ne sont pas partagés. Comment auraient-ils pu l'être ? Combien de fois m'a-t-il fait de gentilles remarques sur mon âge ?

Je suis simplement une belle nana sexy, pas la femme de toute une vie. Ses regards n'étaient dû qu'à mon apparence, pas à qui je suis réellement. Je peux le comprendre. Il va bientôt atteindre la quarantaine, il a d'autres projets que celui de perdre son temps avec une nana de mon âge. S'il savait à quel point, les mecs de ma génération me font peur. Ils sont tous irresponsables et immatures.

Tout ça grâce à mon frère, le mec le plus débile que la terre dénombre. Il a toujours été la bête noire de la famille, accumulant toutes sortes d'ennuis, des plus anodins aux plus graves.

Une de ses conneries m'a d'ailleurs bousillé la vie.

Ce comportement lui a valu de perdre la sienne, il y a presque trois mois. Ces souvenirs douloureux accentuent ma peine et mon désarroi. D'un geste fébrile, j'essuie les dernières larmes qui coulent sur mes joues et j'attrape mon portable. Je compose aussitôt le numéro du cabinet où je travaille. La voix de Béa me répond après plusieurs sonneries.

— Cabinet Médical de...

— Béa, c'est moi ! je la coupe rapidement.

— Je t'écoute, ma chérie ! Qu'est-ce qui se passe ?

— Pourrais-tu décaler tous mes rendez-vous de la journée ? Je ne me sens pas très bien.

— Tu veux que j'appelle un médecin ! ajoute-t-elle d'une voix affolée.

— Non ! J'ai simplement besoin de rentrer chez moi.

— C'est encore ce gars qui te fait chier ?

Son ton autoritaire fait poindre d'autres larmes au bord de mes cils. Je sais qu'elle se fait du souci pour moi, mais pour l'instant, je veux me blottir dans mon fauteuil et pleurer sur mon triste sort. Je ravale la boule que j'ai dans la gorge et j'affirme d'une voix faussement détachée :

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant