Chapitre 20

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Ethan

D'un geste maladroit, je repose la bouteille de whisky sur la table basse. J'approche le verre de mes lèvres et laisse le liquide brun se frayer un chemin dans mon œsophage. Chaque nouvelle gorgée me brûle au passage et me fait grimacer. Mes idées sont loin d'être claires, mais une légère euphorie me permet de supporter la douleur immense, qui m'enserre la poitrine. Mon cœur est emprisonné dans un étau, se comprimant davantage à la seule pensée de cette conversation avec Candice.

— Elle s'est servie de toi, mec ! je balbutie entre mes dents. Toutes les femmes sont des salopes !

Je laisse l'alcool me griser et m'octroyer un minimum de réconfort, mais rien ni fait. La plaie est là, toujours plus profonde à chaque nouvelle inspiration. Je me redresse en posant mes coudes sur mes genoux. Ma tête retombe lourdement entre mes mains.

Je ne ferai plus jamais confiance à quiconque possède une paire de nichons !

Avec un effort surhumain, j'essaie de me lever, mais ces putains de fixateurs - et l'alcool aidant - m'empêchent de garder l'équilibre. Je me vautre comme une merde sur le sol. Une douleur vive irradie ma jambe et m'arrache un gémissement. Mon poing s'enfonce presque aussitôt dans le lino, broyant par la même occasion mes phalanges. Je me sens minable et très con ! Pourquoi ma mère m'a-t-elle obligée à m'excuser ? Candice ne serait jamais revenue et tout cela ne serait pas arrivé.

Un leurre, voilà à quoi se résume toute cette histoire !

Je me suis fait manipuler comme une marionnette. Un naïf guidé par des sentiments que je croyais réciproques. Connerie ! Elle s'est simplement intéressée à ma petite personne pour obtenir la grâce de son frère. Comment a-t-elle pu croire une seule seconde que je lui pardonnerais ? Ce mec a bousillé ma vie, il m'a prit ma dignité, il a tué mon ami. J'ai pourtant cru déceler un soupçon d'intérêt dans son regard. Ma cervelle m'a sans doute joué un vilain tour.

Je rampe comme une limace vers le canapé. Dans un ultime effort, je lève mon bras pour me hisser, mais je suis trop bourré . Mon corps dégouline sur le sol. Ma tête heurte durement le lino. Sans que je m'y attende, mes épaules se soulèvent brutalement alors qu'un lourd sanglot s'échappe de ma gorge. Je ne retiens pas la rage qui s'extériorise, ni les larmes qui tombent sur le sol.

Je ne me suis jamais senti aussi vidé !



Oh mon dieu, Ethan !

Les cris de ma mère m'apparaissent dans une sorte de brouillard. À peine ai-je ouvert un œil qu'une douleur vive m'enserre le crâne. Il me faut quelques secondes pour me remémorer l'ignoble manière, dont j'ai atterri au pied de mon canapé. Déjà des petites mains frêles m'attrapent sous les bras pour me soulever. Je me redresse difficilement, les membres endoloris par ma nuit sur le sol dur.

— Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

La voix de Julia résonne méchamment à mes oreilles. Je me laisse tomber dans le canapé en feulant :

— Ne crie pas !

Elle avise la bouteille de whisky, à moitié vide, qui traîne sur la table, et me lance un regard noir. Aussi vite, elle s'en empare pour la ranger à sa place. Ma mère, quant à elle, se précipite dans la salle de bain, et en revient les mains chargées de deux comprimés de paracétamol et d'un verre d'eau. Toute cette soudaine agitation me donne la gerbe. En refoulant cette nausée persistante, j'avale les gélules que ma mère me tend.

— Est-ce qu'on a le droit à des explications ? lance Julia, les mains sur les hanches.

Il ne lui manque que le petit short bleu et le lasso, et là voilà ressemblant à Wonder Woman. Je réprime un petit rire nerveux qui me vaut un nouveau regard foudroyant. À bout de force, je laisse ma tête s'écraser contre le dossier du canapé. Seule un grand bol de caféine me ramènera dans le monde des vivants.

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant