la vie arrachée

Chapitre 18

Candice

Je quitte l'appartement d'Ethan avec un sourire, et quel sourire ! Cette nuit a été tout simplement dingue, grisante, merveilleuse. Les mots me manquent pour décrire tout le panel de sensations qui ont germées en moi, sur ma peau... dans mon cœur. En trottinant jusqu'à l'ascenseur, je mordille mes lèvres au souvenir de ses mains sur moi. Je pensais avoir fait une énorme connerie en lui proposant de le raccompagner, mais je ne le regrette pas. J'ai senti cette alchimie entre nos corps, ce besoin irrémédiable de l'autre. Au delà du sexe, des sentiments sont apparus, forts et puissants. En quelques heures, Ethan est passé du statut de patient exécrable à celui de potentiel homme de ma vie. Je sais que c'est prétentieux de ma part de penser ça, mais mon cœur me joue la sérénade.

Je déboule dans la rue sur un petit nuage. Un sourire niais sur le visage et les joues encore colorées par cette nuit torride, je m'installe dans ma Mini. Si je n'avais pas tous ces rendez-vous, je serais restée dans la chaleur de ses bras sans hésitation. C'est un léger coup donné contre ma vitre qui me sort de mes rêveries et me fait sursauter. Je lève la tête. Mes yeux entrent en collision avec le regard noir de Clara, et mon euphorie s'évanouit instantanément.

Que vient-elle encore faire ici ?

Sans grande conviction, je baisse la vitre. Elle se penche pour venir scotcher son visage à vingt centimètres du mien, ses yeux bleus me scrutant méchamment.

— Je peux savoir ce que vous faîtes ici à cette heure ? peste-t-elle d'un air hautain.

Ma robe chiffonnée et mes cheveux en mode after-nuit torride ne m'empêchent pas de garder une attitude calme et assurée.

— Je pourrais vous retourner la question !

Mon ton strict et la façon dont je viens de lui fermer le clapet ne semblent pas lui plaire. Elle prend une longue inspiration, puis un rictus s'étire sur ses lèvres.

— Ne prenez pas ce ton avec moi, Mademoiselle !

Je souris, aucunement affecté par son ton dédaigneux. Les mains accrochées sur le volant, je feins un air détaché sur le visage, mais en moi se profile une envie de meurtre. Je la vois hausser ses sourcils parfaitement dessinés. Son sourire se fige de concert sur sa bouche badigeonnée d'un rouge Cherry, mais elle ne se démonte pas. Une autre offensive, celle-ci beaucoup plus virulente, franchit les limites de sa bouche.

— Ne croyez-pas que vous ayez un quelconque intérêt pour lui ! Vous n'êtes qu'une fille parmi tant d'autres avec qui il assouvit un besoin, rien de plus !

Mon sang fait le tour de mes veines en un temps record. Les doigts crispés autour du volant, je me fais violence pour ne pas aplatir ma main sur son visage, beaucoup trop maquillé à mon goût. Tout en elle empeste la bourgeoise, imbue de sa petite personne. L'amabilité n'est pas sa qualité première, tout comme le tact d'ailleurs.

Je me demande bien ce qu'Ethan lui a trouvé ?

Je vais lui prouver que je ne suis pas une poupée blonde sans cervelle, comme elle semble le croire.

— Vous pensez vraiment qu'Ethan a encore des sentiments pour vous ? Je ne suis peut-être pas la personne qu'il attend, mais c'est avec moi qu'il a passé la nuit !

Je suis assez fière de ma tirade, propre et efficace. Ses lèvres se pincent et je sens comme une pointe d'irritation chez elle.

— Ne vous réjouissez-pas trop vite ! D'ici peu de temps, j'aurai récupérer ma place près de lui ! Ethan est encore sensible à mon charme et je sais comment m'y prendre pour qu'il succombe à nouveau.