Chapitre 8

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Ethan

Ses lèvres ont un goût de fraise et difficilement, j'arrive à m'en détacher. Je plonge dans un regard vert émeraude tout aussi brillant que surprit, qui me sonde, cherchant des réponses à ce qui vient de se passer. Elle se relève lentement, sa langue passant furtivement sur ses lèvres. L'envie d'explorer sa bouche plus en profondeur, pour goûter à la saveur de sa langue, me foudroie.

— C'était quoi, ça ?

Sa question me sort de mes pensées salaces, je crois qu'il est temps pour moi de donner quelques explications. Pour détendre l'atmosphère, je lance d'un ton badin :

— C'était un baiser !

— Je sais très bien ce qu'est un baiser, Monsieur Mallard ! Je veux parler de cette petite comédie à laquelle j'ai participé contre mon gré.

— On en est revenu au Monsieur ?

Ses yeux me lancent des éclairs. Elle campe fermement sur ses deux pieds, les bras croisés contre sa poitrine. Je crois qu'elle n'est pas d'humeur à plaisanter. Je ferais mieux de déballer mon sac avant qu'elle ne se jette sur moi.

— Vous avez fait la connaissance de mon ex-compagne, Clara !

— Faire la connaissance, c'est vite dit ! Elle m'a agressé sans que je m'y attende. Qu'est-ce que vous lui avez raconté sur moi ?

Je sens que ma patience m'amenuise, d'autant plus que je n'ai pas encore eu le temps de boire un café. Batailler ferme au réveil, sans m'être injecté une bonne dose de caféine, me rend quelque peu agressif et nerveux.

— J'ai besoin d'un café.

Je fais demi-tour pour me rendre dans la cuisine. Je me sers une tasse de café bouillant dont j'avale rapidement une longue gorgée qui me fait un bien fou. La petite "emmerdeuse" me suit et reste postée dans l'embrasure de la porte, me scrutant avec des yeux arrondis.

— Vous en voulez un ? je propose en lui désignant ma tasse.

— Je ne suis pas venu pour jouer à la dînette, ni pour que vous vous serviez de moi pour rendre jalouse votre petite amie, répond-t-elle d'une voix agacée.

Cette conversation va être épuisante. Je sens déjà le début d'un putain de mal de tête faire son apparition. En insistant sur chaque mot, je grogne :

— Ce n'est pas ma petite amie !

— Vous comptez m'en dire plus sur l'utilité de ce baiser (elle mime des guillemets avec ses doigts) ou faut-il que je vous y oblige ?

Je ne peux m'empêcher de sourire bêtement. J'imagine cette fille si frêle me maîtriser en exécutant une clé de bras.

Autant ne pas trop la faire chier, je suis en position d'infériorité.

Je regarde ses yeux remplis de détermination et je me calme aussitôt. Elle serait bien capable de me faire parler. J'avale une autre gorgée sous son regard agacé, et je souffle grossièrement avant de lui fournir les explications qu'elle attend.

— Clara a été ma compagne pendant plus de dix ans. Quand je me suis retrouvé dans ce fauteuil, elle m'a fait comprendre que je ne ferais plus l'affaire. Elle m'a quitté du jour au lendemain.

— Mais quelle...enfin, c'est moche de sa part ! balbutie-t-elle entre ses lèvres.

Même si le cœur ne m'en dit pas, je souris. Cette nana est si spontanée qu'elle chasse de ma tête toutes mes idées noires.

— Je n'aurais jamais fait ça...enfin, si...j'étais...!

Je l'écoute tenter de construire une phrase cohérente. Amusé, je la laisse se débattre avec ses explications alors que j'ai parfaitement saisi. Ses joues prennent une jolie teinte rosée. Nerveusement, elle triture sa mallette, signe de la gêne qu'elle ressent. Ça me fait marrer. Je décide de briser ce moment de grande solitude en lui dévoilant quelques détails de mon entrevue avec Clara.

la vie arrachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant