la vie arrachée

Chapitre 27

Ethan

Je déglutis. Mon palpitant cogne brutalement, et me rappelle qu'il est toujours présent.

Ai-je bien entendu ?

Je scrute ses yeux afin d'y trouver la réponse. Elle est là, bien ancrée au fond de ses iris vertes.

L'amour.

Je caresse ses joues, la gorge soudain serrée, et je laisse cette chaleur familière envahir l'intégralité de mon corps. Voilà des mois que mes sentiments sont enfermés à double tour, et ils ressurgissent brutalement. Pourtant, je reste amorphe. C'est débile, complétement con ! Ces trois petits mots peinent à franchir mes lèvres.

Allez mec ! Je me sermonne. Dis-lui ce que tu ressens, ne la laisse pas dans le doute !

Elle a beau être trempée jusqu'aux os, je ne l'ai jamais trouvée aussi belle qu'à cet instant. Sans doute parce que dans ses prunelles, qui me fixent avec intérêt, j'y décèle ce que je n'espérais plus.

Son amour. Sa confiance. Son pardon.

Il faut que je lui dise que je l'aime à en crever, que plus jamais je ne la laisserai partir, que je serai celui sur qui elle pourra compter. Mon cœur me conjure de le laisser s'exprimer, et c'est exactement ce que je fais. D'un ton solennel et empreint d'un soupçon de pudeur, je lui réponds :

— Je t'aime, Candice !

Ses lèvres se retroussent. Ses joues se colorent de rose, ce qui rend son visage moins livide. Je n'attends pas une seconde de plus pour lui prouver qu'elle m'a terriblement manqué, j'écrase ma bouche contre la sienne. Je retrouve avec satisfaction le goût de ses baisers, mais déjà j'insiste presque grossièrement pour venir taquiner sa langue. Ça fait bien trop longtemps que j'en ai envie, je ne vais pas m'en priver maintenant. Lorsqu'un petit gémissement s'échappe de sa gorge, le désir qui se planquait au fond de moi, fait une brusque apparition. Je la serre contre mon torse, trop heureux de la sentir entre mes bras.

Je croyais ne plus jamais avoir ce privilège.

Un coup de tonnerre retentit, coupant court à notre baiser. Candice sursaute et niche son visage dans mon teeshirt. Son corps tremble. Des frissons recouvrent ses bras nus. Je referme la porte sur nous et attrape sa main gelée.

— Allez viens ! Tu vas prendre une douche chaude avant d'attraper la mort, je lui propose en l'entraînant vers la salle de bain.

Sans piper mot, elle me suit sagement. Je lâche sa main quelques secondes, le temps de faire couler l'eau à la bonne température, et me retourne à nouveau vers elle.

— Je vais te chercher un tee-shirt, prends le temps qu'il te faut, ok ?

Je lui souris afin de lui signifier qu'elle n'a rien à craindre. Alors que je fais demi-tour, la foudre retentit une nouvelle fois. Candice s'agrippe à mon teeshirt et me supplie d'une voix éteinte :

— Ne me laisse pas !

— Je ne vais nulle part ! j'affirme pour la rassurer.

Elle détourne les yeux et retire timidement sa robe. Ce moment m'en rappelle un autre, beaucoup plus sensuel, que je refoule aussi vite. L'instant est mal choisi. Candice a l'air au plus mal, il serait malvenu de profiter de la situation. Pourtant mes yeux survolent discrètement sa silhouette, qu'elle dénude avec des gestes fébriles. J'essaie de raisonner l'intérieur de mon froc, mais ça me semble compliqué. Les épaules basses, elle se faufile sous le jet en tremblotant de plus belle. Un énième coup de tonnerre se fait entendre. Elle ouvre des yeux apeurés et me tend la main.