la vie arrachée

Chapitre 37

Ethan

Les yeux fermés, elle enfourne un autre morceau de viande, qu'elle mâchouille en poussant des petits soupirs de satisfaction. Je n'arrive pas à détacher mon regard de son visage si parfait, qui s'accorde avec ce qu'elle est réellement.

Un ange ? Une sainte ? Je ne sais pas trop.

Peut-être est-elle là, sur terre, uniquement pour me rendre heureux ?

Je n'ai jamais cru à ces histoires d'âmes sœurs, mais je pourrais changer d'avis. Je pensais que ma vie était celle dont j'avais toujours rêvé. L'apparition soudaine de Candice dans mon existence a tout remis en question. Je fais abstraction de ces dix années d'une cohabitation des plus étranges avec Clara, pour me concentrer sur ce petit bout de femme qui m'a ouvert les yeux. Elle a jeté son dévolu sur ma petite personne, alors que je m'étais replié sur moi-même, dénigrant tout contact avec les autres. D'un grand coup de pied dans la fourmilière, elle m'a obligé à refaire surface. Elle m'a guidé vers le bout du tunnel, petit phare dans ma sombre vie. Sa phrase tourne encore dans ma tête, comme un refrain dont je ne me lasse pas.

Où que tu ailles, je te suivrai !

Lorsqu'elle ouvre les paupières, je me laisse encore surprendre par la profondeur de son regard, par la palette de vert qui entoure sa pupille, par les sentiments qui s'y dégagent à chaque fois qu'elle pose les yeux sur moi. Chaque petite parcelle de mon être réagit à ses prunelles, qui me détaillent comme si j'étais un dieu, un super-héros.

Son Superman.

Un petit sourire étire ses lèvres pulpeuses et ses joues se colorent légèrement face à brutalité, avec laquelle mes yeux la contemplent. Je me penche par dessus la table pour caresser sa joue. Elle incline la tête afin d'apprécier davantage le contact de mes doigts contre sa peau, puis attrape ma main pour déposer un baiser contre ma paume. Ce simple geste provoque une tempête dans mon corps. Mes organes s'entrechoquent et mon cœur s'essouffle de tambouriner aussi vite dans ma poitrine. Je me lève, l'appétit coupé par le tumulte de sensations, qui s'infiltrent dans tous les pores de ma peau. Je lui prends la main pour l'attirer vers moi. Comme immergé brusquement de mes pensées, je perçois enfin la musique que Candice a lancé avant notre repas. Je resserre la pression contre son dos tout en commençant à danser. Ses bras se nouent autour de mon cou. Son regard m'aimante à nouveau, je le laisse me soudoyer doucement. Je me perds dans ses  iris vertes, qui me scrutent avec beaucoup d'intérêt. Les paroles de Sign Of The Times nous happent, nos corps se frôlent à chacun de nos mouvements. Mes mains remontent lentement le long de son dos.

— Tu es magnifique !

Ses pommettes prennent cette teinte rosée qui la sublime, un sourire radieux apparaît sur ses lèvres. Ses doigts taquinent ma nuque puis se mêlent à mes cheveux. Je sens des frissons me parcourir la peau, tant les caresses qu'elle me prodigue me perturbent. Je resserre mon étreinte. Mon nez s'enfonce dans la peau gracile de son cou pour en absorber cette odeur qui me rend accro. Après tous les obstacles qui se sont agglutinés autour de nous, nous sommes là, l'un contre l'autre. Je lâche un petit rire lorsque je repense à notre première rencontre. Candice décolle sa tête de mon torse et me lance une œillade interrogatrice.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Sans me départir de mon large sourire, j'affirme :

— Je pensais à la première fois qu'on s'est vu, dans mon appartement.

Elle pouffe.

— C'était plutôt tumultueux !

— On ne peut pas dire le contraire ! je valide en caressant sa joue. Tu ressemblais tellement à une étudiante avec ton slim noir et ta chemise en jean, et tu paraissais si sûre de toi, que je n'avais qu'une envie, te basculer sur mes genoux pour te flanquer la fessée.