On the other side [Terminé]

Chapitre 13

De longues minutes s'écoulaient, pendant lesquelles, d'un accord commun muet, Orez et Z ne s'adressaient aucunement la parole et évitaient toute sorte de contact visuel. Le premier faisait lentement pianoter ses doigts sur la table devant lui, tout en les fixant, songeant à des réponses à des potentielles questions que pourrait lui poser la blonde lorsqu'elle reviendrait. Quant au second, il restait adossé contre le mur épuré, près de la porte, et postait son regard étrangement empli d'une sorte d'anxiété sur le sol carrelé. Néanmoins, même s'il ne le montrait nullement, Orez se sentait oppressé, ayant l'impression continuelle d'être observé par l'autre homme du coin de l'œil. Bien qu'il n'appréciait pas le silence, ce dernier préférait cela qu'à avoir à discuter avec le plus jeune, d'autant plus que leur relation avait débuté avec de mauvais évènements, qu'il souhaitait oublier. Orez ignorait que la situation globale au mur se rapprochait d'une atmosphère plutôt chaotique, provoquée par plusieurs personnes, dont sa supérieure qui semblait décidée à éviter les ordres, ce qui lui rendait la tâche de la protéger bien plus difficile et risquée pour lui. En repensant à cela, Z soupira discrètement, pour ne pas attirer l'attention de celui en face de lui. Mais cela échoua puisque ce dernier aperçut que le garde semblait soucieux.

Même s'il n'osait pas lui demander directement ce pourquoi il semblait si perturbé pour éviter d'envenimer les choses plus qu'elles ne l'étaient déjà, il commença à réfléchir à une question qu'il pourrait lui poser afin d'en apprendre plus sur ce qui le contrariait de la sorte, sans être trop brusque. Surtout qu'il avait appris à ses dépends que l'homme aux cheveux lapis-lazuli possédait beaucoup de force, en plus d'être doté d'une grande rapidité. Quand il y pensait, il trouvait que ces capacités dépassaient celles de la majorité des personnes qu'il avait rencontré jusqu'ici. Pourtant, il avait beaucoup sillonné la ville et rencontré un certain nombres d'individus, souvent peu fréquentables notamment au début de son adolescence, bien qu'il souhaitait oublier cette période sombre de sa vie, qui l'horripilait lui même. Heureusement qu'il avait changé et tracé un trait sur ces deux années, notamment grâce à Leran, et il ne le regrettait pas le moins du monde. Repenser à cela l'amena à se questionner sur l'enfance qu'avait eu tout ceux habitant dans le mur. A moins qu'ils n'aient grandi ici, d'où venaient-ils ? Il soupçonnait l'autre côté du mur. Pour tenter de le découvrir, il interpella Z, en essayant de rester le plus sobre possible :

" Je peux te poser une question ?

- Tu viens de le faire à l'instant ", répliqua-t-il froidement, sans détourner le regard du point du carrelage qu'il fixait.

Ce qu'il venait de lui répondre ne le découragea pas, malgré qu'il ne puisse nullement cacher qu'il n'avait pas apprécié son attitude, même s'il se disait que cela devait être réciproque. Il attendit près d'une minute, avant d'insister, toujours en gardant son calme :

" Qui a le droit de sortir d'ici ?

- Je n'en sais rien, je ne fais pas partie de ces personnes.

- Mais pourquoi les entrées et sorties sont si restreintes ? " demanda-t-il, sachant que son interlocuteur ne se douterait pas qu'Owain lui avait parlé du nombre si peu élevé de sortie.

Cette fois-ci, il vit que l'autre homme considérait sa question, puisqu'il leva la tête, son regard vert d'eau montrant qu'il réfléchissait à une réponse à lui donner. Plus d'une minute silencieuse passa, avant qu'en croisant les bras sur son torse, il ne termine par parler :

" Pour éviter beaucoup de problèmes en ville. "

Orez avait l'impression qu'il lui cachait volontairement des informations en restant aussi vague dans ses réponses. Néanmoins, il demeurait déterminé à comprendre certains points du fonctionnement du mur. Cela pourrait énormément l'aider par la suite, pour l'évasion qu'il tenterait de réaliser. Et il savait que pour qu'elle réussisse, il devait rester tapi dans l'ombre, tout en récoltant le plus d'informations et ainsi partir sur de meilleures bases pour son escapade. C'est pour cette raison qu'il continua à interroger le seul individu qui pouvait pour le moment lui répondre, même s'il savait que cela était risqué :