Chapitre 34

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Profitant d'un espace ombragé, Orez s'était assis auprès d'un arbre. La forêt n'était plus aussi dense que près du mur, et en cet après-midi, sa fatigue se trouvait accrue par la température qui ne baissait pas. Cependant, bien que les deux amis parvenaient à supporter cette chaleur, ce n'était ni le cas de Kathrina, ni de Loka.

Alors, ils faisaient plus régulièrement de courtes pauses, même si l'adolescent n'était pas persuadé de leurs réelles utilités. Néanmoins, Kathrina ne perdait pas un seul instant la détermination qui lui permettait de continuer. Toujours avec une ardeur semblable à celle qui l'avait habitée lorsqu'ils étaient partis, elle remotivait les trois autres hommes sans broncher.

En cet instant, Orez profitait du calme des lieux, auquel il avait finalement réussi à s'habituer. Même si ses pensées restaient dirigées vers sa mère. En réalité, bien qu'il se savait illégitime de désirer retourner la voir, il s'inquiétait. Il espérait que de son côté, elle réussissait à encaisser le choc qu'elle avait ressenti en comprenant ce qu'il s'était réellement passé.

Quelques mètres plus haut, un oiseau brisa le silence de son chant aigu et mélodieux. Coupant par la même occasion sa réflexion. Ses yeux se baladaient, tentant de le trouver, en s'aidant des moindres mouvements de Loka. En effet, le jeune garçon était resté sous sa forme féline, depuis plusieurs heures, afin d'être plus efficace pour repérer un potentiel intrus.

Assis, les pupilles dilatées et les oreilles dressées, il scrutait les feuilles. En l'observant, Orez fut surpris de son comportement, qui laissait uniquement place à sa bestialité au premier abord. Et Leran semblait être d'autant plus intrigué, à en voir la manière dont il observait le félin.

Le visage du roux trahissait sa curiosité, ce qui n'étonnait pas le plus vieux. Seulement, son regard montrait un tout autre sentiment que le précédent : un mélange de méfiance et de frayeur.

Orez, plus étonné par son ami que le félidé, voulut parler à Leran. Néanmoins, celui-ci fut plus rapide, et interpella le chat gris :

" Loka ? "

D'un même mouvement, Kathrina et le concerné se tournèrent vers le roux, ce qui coupa subitement son entrain. Mal à l'aise, il resta muet quelques instants, avant de débuter :

" J'aimerais te poser quelques questions... Sur les chats-garous notamment. "

Malgré sa forme féline, on pouvait aisément deviner le mécontentement à son attitude. Sa queue commençait à battre l'air nerveusement, tandis qu'il ramenait ses pattes contre son corps. Quant à Kathrina, elle murmura, sarcastique :

" Ah ! Bon courage pour avoir des réponses. "

Leran fronça un court instant les sourcils, visiblement contrarié. Orez préférait rester muet, attendant de voir la tournure que prendrait cette situation. Mais son ami ne se laissait pas abattre, et la curiosité passant outre des conseils de Kathrina, il l'interrogea :

" La part sauvage des chats-garous domine-t-elle sur votre humanité ? "

Sous sa forme féline, Loka ne pouvait répondre. À la place, il ne fit que tourner la tête, évitant la discussion. Leran, visiblement déçu de ne pas avoir de réponse, détourna le regard en joignant ses mains.

Un court instant s'écoula silencieusement, jusqu'à ce que Kathrina prenne la parole :

" Tout dépend. Il vaut mieux qu'ils gardent un certain équilibre, autant pour ceux qui les entourent que pour eux. Il est dans leur essence d'être à la fois humain, et félin. "

Même si le visage de Kathrina restait impassible, et ses yeux mauves rivés sur le sol, sa voix quant à elle, trahissait la passion qu'elle portait sur ce sujet. Tout comme Orez, Leran sembla le remarquer, puisque son intérêt reparut dès qu'il entendit la réponse de la scientifique.

On the other side [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant