On the other side [Terminé]

Chapitre 20

Dès qu'il entendit la voix de son meilleur ami l'appeler, Orez tourna immédiatement la tête, ignorant presque la présence de Kathrina devant lui. Le vent qui s'était renforcé soufflait à présent dans son dos, et dégageait les cheveux de Leran vers l'arrière. Stupéfait par sa présence ici, le plus âgé du duo prit plusieurs secondes pour réaliser qu'il était bel et bien devant lui. Mais sans même avoir le temps de répondre quoi que ce soit et exprimer sa surprise, le roux, vint vers lui, à la limite de courir, pour l'enlacer brusquement. Par réflexe, Orez posa sa main sur l'épaule de son ami pour répondre à son étreinte, tandis que Leran gardait sa tête sur celle de son ami, les yeux mi-clos. 

Bien qu'Orez eut les longs cheveux auburn de son ami dans les yeux, il resta immobile, de peur de briser cet agréable moment. Néanmoins, il aurait pu être encore plus doux, s'ils avaient pu se trouver à un autre endroit qu'au sommet du mur, et qu'ils n'étaient pas entourés de personnes dont ils ne connaissaient nullement les intentions. Et Orez sentait parfaitement l'angoisse que ressentait le roux, puisqu'il sentait les fines mains de ce dernier trembler contre son dos, ainsi que sa respiration rapide et saccadée. Angoisse qu'il comprenait parfaitement, puisque même sans savoir ce pourquoi il se trouvait ici en ce moment, il se doutait bien qu'il n'y était pas arrivé volontairement.

" Si j'avais su que je te reverrais aussi vite..., articula difficilement le roux dans un souffle.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une excellente nouvelle... ", lui confia-t-il à mi-voix pour que seul Leran ne puisse l'entendre.

Après qu'Orez eut senti un hochement presque imperceptible de la tête de son ami sur son épaule, il se détacha délicatement de leur étreinte pour se tourner vers Kathrina. Celle-ci fixait le duo, les bras croisés, un sourire aux lèvres qui ne lui inspirait rien de bon. Agacé de voir que son ami était ici, il reprit à l'attention de la blonde, ne cachant nullement sa colère :

" Pourquoi Leran est ici ?

- Orez, Orez... Réfléchis un instant... C'est pourtant simple. Si je n'ai que toi, ça ne me sers à rien. J'aurais plus de chances de réussir ce que je veux faire, avec vous deux réunis.

- Réussir quoi au juste ? " s'écria-t-il rageusement. 

En guise de réponse, son interlocutrice ricana avant de décroiser les bras et avancer vers les deux jeunes adolescents. D'un geste vif qui surpris le plus âgé du duo, elle agrippa le bras de ce dernier, puis elle plaqua le revolver auparavant accroché à sa ceinture contre la tempe d'Orez. Un frisson de frayeur parcourut la nuque de celui-ci, dont le souffle s'était coupé presque immédiatement.

" Très sincèrement Orez, actuellement ta vie n'a strictement aucune valeur. Je ne me permettrais jamais de faire du mal à ton copain, mais à toi en revanche..., déclara-t-elle avec un détachement déconcertant, avant de continuer : Alors Leran, si tu ne souhaites pas que j'achève ton ami sur le champ, tu vas m'écouter jusqu'au bout. Et ça vaut aussi pour toi Orez. Je préférerais ne pas avoir à prendre de mesures trop... radicales. "

Orez n'osait plus esquisser le moindre mouvement, observant alors son meilleur ami pâlir un peu plus à chaque parole prononcée par la jeune femme, impuissant. Leran semblait complètement terrorisé, même s'il paraissait vouloir lutter vainement contre cette peur qui le tiraillait. Voulant tout d'abord protester, le roux se rengaina rapidement, et écouta finalement ce que Kathrina avait à dire :

" Je ne vous cacherais pas que j'ai toujours eu envie d'aller en dehors du mur puisque j'y suis enfermée depuis ma naissance. Et vous êtes l'occasion parfaite que j'attendais patiemment pour m'y faire sortir. 

- Vous n'êtes vraiment jamais sortie ? demanda Leran, surpris.

- Lorsque l'on a un paternel surprotecteur envers sa fille cadette, même s'il a une raison de l'être, non. On ne peut assurément pas sortir du nid que l'on nous a préparé. Comme un oiseau enfermé dans une cage dorée. "