Chapitre 25

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Fuyant le désordre provoqué par les deux fugitifs, et qui s'était propagé tel un incendie au beau milieu d'une forêt, Owain s'était éclipsé loin de toute cette agitation. Détestant avoir chaud, il avait revêtu une simple chemise grise, sur un pantalon noir en lin. Il tapotait du bout de ses doigts le béton frais sur lequel il était assis. Du haut du mur, il contemplait la ville, baignée des premiers rayons du soleil. Ici, la ville gigantesque semblait ridiculement minuscule. Oghetta s'animait, peu à peu, la circulation reprenait dans un bruissement irrégulier, et les réverbères s'éteignaient un à un. Malgré les circonstances, le jeune homme ne voulait pas louper ce spectacle, qui le rendait indéniablement nostalgique. 

En effet, il ne pouvait cacher, qu'en observant la ville dans laquelle il avait grandi, et passé dix-sept longues années, il n'éprouvait pas un pincement au cœur. En ayant laissé Serena seule, sans même pouvoir avoir de ses nouvelles, dans une situation presque catastrophique, il se sentait coupable de ne plus pouvoir agir pour l'aider.

Mais son angoisse et sa peur qu'il arrive malheur à Kathrina et Loka, prenait le dessus sur ce sentiment qui le tiraillait pourtant si souvent. Cela faisait plus de sept heures qu'ils étaient partis, en compagnie d'Orez et Leran. Si rares étaient ceux qui se risquaient à défier l'autorité du mur pour partir dans l'immense forêt que ce dernier longeait, c'est qu'il devait bien y avoir une raison. Ou en tout cas, c'était ce dont il était persuadé.

Avec lenteur, il tourna ses yeux verts en direction de l'immense mer de feuillage, à l'opposée des grands immeubles gris. Contrairement à Kathrina, il n'avait jamais voulu mettre les pieds dans cette forêt, qui, même s'il ne voulait guère l'admettre, l'effrayait plus que ne l'intriguait. Bien que pour aider son amie, il aurait été prêt à venir l'épauler dans sa tâche. C'était par ailleurs la jeune femme qui avait refusé fermement qu'il l'accompagne. Mais sa décision était sensée, il le savait bien. 

Toutefois, même s'il connaissait le rôle qu'il avait à jouer dans tout cela, il appréhendait l'instant où il devrait s'expliquer face à Deverell Horam. Comme il était celui qui avait donné l'alerte, il se doutait que cela arriverait rapidement. Et malgré ce qu'il avait fait, il se doutait que des réprimandes arriveraient bien assez vite. Et en prévision de cela, il avait pris son temps pour apprivoiser le mensonge que Kathrina lui avait ordonné de dire. S'il lui avait tout d'abord été difficile de modifier en apparence ses propres sentiments, il s'y était rapidement habitué. Cela aurait été mentir que de dire qu'il n'avait pas l'habitude de faire cela.

Tout ce qu'il avait pu dire à Orez, durant les quelques jours qu'il avait passé au mur, n'étaient qu'une déformation de la réalité, pour le rallier au camp de Kathrina. En vérité, même si certains Ganess se plaignaient de leurs conditions de vie, peu étaient ceux qui s'opposaient réellement à ces mesures. Et s'il avait toujours eu du mal avec toutes les contraintes qui l'entouraient, ce n'était pas pour autant qu'il s'était plaint auprès de Deverell. Tout simplement puisque cela ne changerait rien, et qu'il pouvait y risquer beaucoup en faisant une telle chose. À commencer par sa propre vie.

Soudainement, ses pensées furent troublées par un cri strident qu'il reconnaissait bien. En tournant la tête vers le ciel nuageux, il aperçut l'un des jeunes rapaces, né au milieu de l'été. D'abord surpris, il se leva pour avancer vers lui. Comme il faisait partie des plus jeunes rapaces élevés ici, il était probable qu'il se soit perdu et qu'il ait alors décidé de revenir vers lui. Puisqu'il était presque impossible qu'une réponse puisse parvenir en aussi peu de temps, lui qui avait envoyé le faucon dans la matinée.

Owain tendit son bras droit, en lui faisant signe, de sa main opposée, de venir se poser sur celui-ci. L'oiseau fit un large détour, avant de terminer par plonger vers le brun, et arriver sur son bras. En souriant, malgré les cris presque incessants du faucon, il se dirigea vers un petit cabanon boisé, dans lequel se trouvait quelques larges nichoirs. Vivement, il le déposa sur l'un d'entre eux. 

On the other side [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant