Seigneur, ne prive aucune femme des moyens de se nourrir ou de nourrir ses enfants, de se soigner ou de soigner ses enfants, de se loger et de vivre dignement.....

Paix chez vous, sur vous et sur nous.

Je me rappelle qu' en février 2019, j'avais rencontré à la sortie de l'hôtel communal de Cocody, une infirmière travaillant dans le service pédiatrique d'un hôpital de la place.
Nous parlions des femmes mais surtout des situations désastreuses dont elle était régulièrement témoin dans l'exercice de son métier.

Qui donne l'autorisation pour que la femme se rende à l'hôpital pour se soigner ou pour soigner son enfant?

Une femme était venue en consultation avec son enfant de moins de 5 ans. Il faisait de la fièvre. Quand il s'est agi d'administrer les soins, la mère disait qu'il fallait attendre que le père arrive parce que justement elle n'avait pas d'argent. Il  n'est jamais venu......

Lors d'un séminaire sur la santématernelle et infantile, nous avons écouté le témoignage poignant et bouleversant d'une femme souffrant de fistule uro-génitale.

Elle était enceinte et à terme. Le travail avait été long et difficile. Elle supplia qu'on l'emmène à l'hôpital. Sa belle-mère s'y est opposée en la traitant de paresseuse. Toutes les femmes ici ont accouché à la maison. Pourquoi toi tu voudrais qu'on t'emmène à l'hôpital ? Pour l'époux, il était hors de question qu'elle soit évacuée. Elle s'en est sortie avec un enfant mort-né et une fistule uro-génitale. Devenue incontinente, elle a été répudiée et bien-sûr remplacée.

Il y a quelques années, j'avais réalisé un micro-trottoir. J'avais interrogé plusieurs femmes du marché sur la popote.
Des témoignages, j'ai appris que la plupart des femmes sinon la quasi-totalité des femmes en couple complétaient l'argent de la popote si elles ne l'assumaient pas totalement. Des cadres aux femmes au foyer, en passant par des couches plus modestes, il n'y a pas une femme qui n'ait au moins une fois, complété ou assumé complètement.
C'est ainsi que j'ai appris qu'il existait des hôtels "nan songon dafa", des femmes mariées s'y prostituent pour avoir de quoi assurer leur pitance quotidienne.
Une femme m'avait particulièrement marquée par son témoignage : " Ils ne te donnent pas suffisamment d'argent mais sont exigeants quant à la quantité de viande ou de poisson dans la sauce. Ils ne se posent jamais la question de la provenance de la nourriture, l'essentiel pour eux est de bien manger. Et quand il n'y en a pas assez, ils te frappent pour mettre dessus. "

Quand on dit à une femme qu'elle ne doit pas travailler, cela suppose qu' en contrepartie de son engagement pour sa famille, son partenaire s'engage à son tour à assumer les charges de la famille. Sinon après, tellement préoccupée par le fait de pouvoir simplement se nourrir, certaines passent à côté de l'éducation de leurs enfants.

Que dire à une femme qui a 4, 5, 6 voire plusieurs enfants, dont le père ne se préoccupe pas de savoir si sa famille mangé ou pas, souvent même, cette mère a à sa charge sa belle-mère ou autres membres de la famille de l'homme.

Je ne cesserai jamais de bénir Dieu pour ma mère, Na. Elle s'est battue et n'a eu de cesse de me soutenir à sa façon afin que j'aille le plus loin possible dans les études afin de mettre toutes les chances de mon côté pour pouvoir subvenir à mes besoins sans être à accrochée à un homme, ou du moins qu' en cas de cas, je puisse être à même de faire face et encore plus que Ba, mon défunt père avait souhaité que "je sois donnée à Dieu" de sorte qu' aucune de mes dépenses ne pèse sur celui qui allait devenir mon époux.

Quand je prends du recul, je réalise que j'ai eu beaucoup de chance d'avoir la mère que j'ai eue avec son histoire. Veuve avec plus d'une dizaine d'enfants à gérer, jusqu'à sa mort Na aura été "l'Homme " de la famille.

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