Lettre à ma mère...

Aussi loin que puissent remonter mes souvenirs, j’ai l’intime image de tes douceurs, de ton humanité, de ton indulgence. Et pourtant, au fond de moi, je ne comprenais pas que ces bienfaits étaient un cadeau, le plus beau des cadeaux. Vivant avec toi chaque jour sous le même toit, ton amour à mon égard était devenu banal, quasiment anodin, et parfois même insignifiant. Et pourtant, il m’a été chaque jour vital, sans même que je m’en rendre compte ; un peu comme l’air que je respirais.

Je te voyais souvent active dans cette cuisine où tu te donnais tant de mal, et je t’observais quelquefois : tes gestes doux et légers étaient guidés par un amour supérieur. Tu vivais de passion pour tes enfants et ton mari. Je ne m'en rendais pas compte, et je pensais que les choses étaient ainsi faites. Partout et pour tous.

À l’adolescence, je me souviens de ces colères noires que j’avais envers toi quand tu ne pouvais pas me donner assez d’argent, quand tu ne pouvais pas me payer les mêmes baskets que mes amis, malgré toi. Et je te faisais payer le prix de mes amours manqués, de mes amitiés ratées, de mes échecs successifs. Je souffrais et tu pansais les plaies avec les morsures en plus. Les « je t’aime » que tu méritais tant, je les réservais à d’autres qui ne méritaient rien.

A mes 20 ans, à mesure que mes nuits devenaient blanches tes peurs devenaient plus noires. Je sortais parfois en claquant la porte, et quand je revenais, tu me la rouvrais avec des yeux débordants d’un amour bienveillant et interrogateur, d’un amour intense et triste, et plus j’étais ingrat, plus tu étais bonne.
Tes larmes, tes colères, tes angoisses, tes peines traduisaient une seule idée : l’amour. Tu étais d’une bonté naturelle, ton but était ta famille, et ton sommeil, ta santé, ta vie n’étaient plus tellement importants. Seule notre joie devait compter à tes yeux, et tu te sacrifiais pour nous en serrant les dents, dans la maladie, le froid et les malheurs. Tu te sacrifiais sans cesse, heureuse ou chagrinée. Tu te sacrifiais jusqu’au bout de la journée et dès que l’aube apparaissait.

Pourtant, un jour, je m’en souviens, je suis entré dans la cuisine, et tu te tenais énergiquement la tête entre tes deux mains. Je t’avais dit : « ça va maman ? » tu m’avais répondu : « oui ! viens, je t’ai préparé un beau quelque chose ! » et tu as sorti de ce four un magnifique gâteau, mais en m’effleurant la main, j’ai senti une chaleur terrible ; la fièvre te dévorait.

Et je venais de tout comprendre.

Je venais de comprendre tout ce que je n’avais jamais compris. Tu étais l’air, l’eau, la terre et la vie réunis. Tu étais ma mère. Et pour la première fois, je te disais « je t’aime », et pour la première fois je te regardais vraiment. Et dans tes yeux je voyais un océan d’amour et de patience, un trésor oublié, auprès duquel j’étais passé toute ma vie.

Maintenant, je le sais maman, le paradis est bien sous tes pieds...

- Abderrahim Bouzelmate

Lire...

On répète souvent aux gens qu'il est important de lire car c'est effectivement une formidable façon de maintenir notre intelligence en éveil et notre esprit en activité. La mort de l'intelligence est parfois pire que la mort elle-même, car il ne nous reste que l'illusion de la vie. On devient inintéressant sans intelligence, pour les autres comme pour soi-même. Et puis, on arrive tellement mieux à se retrouver, à se comprendre et à se redécouvrir à travers la lecture. Alors fixons-nous comme objectif de lire au moins quelques pages par jour, d'un roman, d'une nouvelle, ou parfois même d'un essai. Nous nous en sentirions plus vivants, plus sensibles, plus forts que jamais...

- Abderrahim Bouzelmate

Pensée...

On semble souvent oublier que la générosité n'est pas seulement matérielle, car la meilleure des générosités est de pouvoir faire don de son temps, de sa gentillesse, de sa bienveillance, de sa bonne humeur, de sa joie... Et combien de personnes qui n'ont rien se montrent chaque jour bien plus généreuses que celles qui ont tout

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