1.

4.4K 206 71
                                    

<< J'avais été damné par l'arc-en-ciel>>

Rimbaud

Pyrilampe franchit les portes de l'Assemblée Nationale d'un pas assuré, la tête haute, suivi de son beau-fils, Aristoclès. Ou plutôt Ari, le jeune homme préférait qu'on l'appelle ainsi, juste Ari.

C'était la première fois qu'il venait ici et il n'était pas très à l'aise, contrairement à son beau-père qui était un habitué des lieux.

— Lèves la tête, il n'y a pas de quoi paniquer. Sois fier de toi et reste calme, lui conseilla Pyrilampe.

Ari venait tout juste d'avoir vingt ans et manquait énormément d'assurance. Pourtant, il allait devoir rapidement remédier à cela car comme ses ancêtres avant lui, il se lançait dans la politique. C'est pourquoi son beau-père lui avait proposé de l'accompagner dans ses déplacements en tant que secrétaire personnel, lui permettant d'apprendre le métier pas à pas et de se faire une place, doucement mais sûrement, dans ce monde. Mais il y avait un problème : Ari ne comprenait rien à ce monde. Peut-être était-il trop jeune, ou bien trop différent ; peut-être n'était-il pas normal ? En tout cas, il y a bien longtemps qu'il avait constaté l'écart qui existait entre lui et le reste du monde. Alors pour éviter le rejet, il gardait le silence.

Son beau-père descendit dans l'amphithéâtre où se trouvaient déjà la plupart des députés, s'arrêtant ici et là pour saluer des visages connus.

— Bonjour, Nestor ! Dit-il à un vieil homme en s'asseyant sur le siège vide à coté de lui. Comment vas-tu ?

Le vieil homme regarda alors sa montre :

— Comment je me porte aujourd'hui, Gusman ?

— Bien, il fait beau, annonça la montre d'une voix neutre en s'éclairant d'une douce lumière.

— Je vais bien, il fait beau, répondit Nestor en se tournant vers Pyrilampe. C'est ton beau-fils qui se cache derrière ?

— Oui, il m'accompagne pour apprendre le métier.

Ari s'assit à côté de Pyrilampe, mal à l'aise d'être ici, comme s'il n'avait pas dû s'y trouver.

— Sganarelle, dit Pyrilampe à sa montre. Que ferais-je pour rassurer Aristoclès ?

— Il faut lui parler de ses victoires en lutte, répondit la montre d'une voix neutre.

— Rassure-toi Ari, tu as gagné deux médailles à la compétition de lutte, tu es fort, tu peux surmonter ça. Et n'oublie pas : la sérénité est la clé.

— Oui Pyrilampe. . .

La sérénité est la clé, la sérénité est la clé, pfff...Cette maxime était écrite partout, sur les monuments comme dans les esprits. Et cela semblait marcher car tout le monde était serein, apaisé ; jamais on ne voyait quelqu'un pleurer ou s'énerver, jamais on ne voyait une personne déçue ou malheureuse. Le monde était en paix, et les personnes réunies dans cet amphithéâtre faisaient tout pour que la situation reste ainsi.

C'est alors qu'une grande femme à la peau sombre se leva du seul siège placé face à eux et demanda la parole d'un simple signe de la main.

Ari sut immédiatement qui elle était, pour avoir vu sa photo dans plusieurs endroits : Madame Olympe, la présidente du pays. Et seule face à cette assemblée, son visage exprimait une telle sérénité, que le jeune homme se questionna sur sa véracité.

— Mes chers amis, je vous souhaite à tous le bonjour, que la sérénité vous guide et que le calme emplisse vos esprits. Nous sommes réunis aujourd'hui afin de voter les décisions à prendre pour ce mois-ci. Pour commencer, faisons le point sur les dernières nouvelles : Monsieur Dracon, comment se portent les réserves alimentaires ?

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant