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Durant la semaine qui suivie, Ari et Ganymède se croisèrent lors de leurs visites à l'hôpital où était retenu Ostrace.

— C'est lui qui va mourir et c'est nous qui nous plaignons, exposa Ganymède lorsqu'ils partirent. D'ailleurs Ari, je vais travailler aux sous-sols demain, veux-tu m'accompagner ?

Le jeune homme ne s'y attendait pas mais accepta avec joie la proposition. C'est ainsi qu'Ari rejoint Ganymède devant l'Assemblée Nationale en début d'après-midi. Si la première fois il avait senti une certaine appréhension à visiter ces lieux, il était cette fois-ci bien plus détendu, mais tout aussi impatient d'y retourner.

— Ari ! L'appela Ganymède en se dirigeant vers lui. Je crois que tu connais le chemin.

Tous deux prirent donc la direction de l'ascenseur conduisant aux sous-sols.

La pièce n'avait pas changé : les vieux instruments étaient entreposés à gauche, près d'une voiture rouge, presque identique aux voitures qu'on croisait sur les routes. Le reste était exposé sur des étagères de verres fermées. La première fois qu'il était venu, Ari avait été fasciné par la machine à écrire, ancêtre de l'ordinateur. Il avait aussi était très intéressé par l'instrument que Ganymède avait nommé télescope et il s'était imaginé le tourner vers le ciel, à la recherche des mystères de l'univers. Il y avait quelques autres objets oubliés par le temps, comme de l'argent matériel, des billets et des pièces utilisées pour acheter ; si seulement le système marchait encore comme cela, Ostrace n'aurait jamais eu de problème pour se payer de quoi vivre.

Et puis, il y avait les livres.

La bibliothèque des sous-sols était encore plus grande que celle d'Ostrace, et les livres qu'elle contenait semblaient encore plus anciens et diversifiés, ne se contentant pas de poésie et de théâtre. « Le Petit Prince, Antoine de St-Exupéry »,annonçait l'un des ouvrage, « Mme Bovary, Flaubert », disait l'autre ; il y avait aussi des livres dont les titres étaient très semblables : « Harry Potter et l'ordre du Phénix, JK Rowling », « Harry Potter et les reliques de la mort, JK Rowling », cela marchait-il comme les séries télévisées en plusieurs épisodes ? Mais le plus épais de tous, était un « dictionnaire ».

— Servus, qu'est-ce qu'un dictionnaire ? Demanda-t-il à sa montre, qu'il s'efforçait désormais d'utiliser un peu plus, suivant la nouvelle loi imposée par la présidente.

— Un dictionnaire regroupe par ordre alphabétique des définitions.

— Ostrace doit adorer ce livre, lui qui cherche constamment des définitions exactes !

Ari resta planté devant les livres de nombreuses minutes, particulièrement excité mais aussi très frustré de devoir simplement les regarder. Il était si absorbé dans sa contemplation qu'il n'entendit pas l'autre homme se pencher vers lui.

— Je paris que tu rêves de les toucher.

Il sursauta, et se tourna vers Ganymède, mais celui-ci le surpris une seconde fois en sortant une clé.

— Je pense que je peux te faire confiance pour ne rien abîmer. Mais après tout, vu le peu d'importance que le reste du monde porte à ces livres, personne ne t'en voudra. A part moi et Minerva.

— Minerva ?

— Elle m'accompagne à chaque fois que mes horaires de travail et ses heures de repos concordent, et ce, depuis dix ans. Laisse moi te dire qu'en tant d'années, elle a dû lire ces livres au moins deux fois chacun. Même Ostrace n'a pas pu en lire autant.

Ari le remercia chaudement pour sa confiance et saisit la clef, mais sa curiosité fut plus forte que son amour pour la lecture.

— Je me demandais, si ce n'est pas trop indiscret. . . Que s'est-il passé exactement entre toi et Ostrace ?

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant