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Ari attendit que Minerva, Diane et Ganymède ne soient partis pour contacter Mélétos, et celui-ci ne nia rien : c'était lui qui avait dénoncé Ostrace aux autorités, lui qui avait porté plainte.

— Mais pourquoi ? C'est ta montre qui t'as dit de faire ça ?!

— Non, c'est Sophia.

Cette remarque avait laissé un froid dans le cœur du jeune homme.

Sophia ? Comment ça, Sophia ? Qu'avait-elle avoir avec cette histoire ? Il y a deux mois et demi elle avait tellement insisté pour rencontrer le philosophe et avait eu l'air de bien l'apprécier, au point qu'Ari en eut été jaloux. Alors pourquoi avait-elle incité Mélétos à faire ça ? Qu'avait-elle contre lui ?

Il se souvint alors de sa menace : « tu es avec moi ou contre moi » . . . Alors c'était pour ça : il avait refusé d'être avec elle, au profit de son frère et d'Ostrace ! Allait-elle maintenant s'en prendre à Elpis ?

Effrayé par l'idée et en quête de réponses, Ari avait donc essayé de contacter la jeune femme, mais il tombait toujours sur son répondeur et ses messages restaient sans réponse.

— Servus, où vit Sophia Turing maintenant ?

— L'emplacement du logement de l'actuelle présidente ne peut être communiqué.

C'est dans ces moments qu'il rêvait de pouvoir écraser de nouveau cette machine infernale sous sa semelle. Mais il devait se retenir, pour Elpis. Celui-ci d'ailleurs, se languissait de leur vieil ami et ne voulait plus que son frère lui lisse des histoires le soirs.

— Non, c'est trop nul quand c'est toi ! Moi je veux revoir Os !

— Il ne peut pas revenir pour l'instant.

— Il est partit comme papa et maman ? S'inquiéta le petit.

— Non, non il est encore en vie.

— Alors je veux qu'il revienne ! Sinon je fais pas dodo !

Déterminé dans son caprice, le petit garçon refusa de dormir et poussa son frère à bout durant des heures.

— Écoute Elpis, Ostrace me manque à moi aussi mais on n'y peut rien pour l'instant. Alors maintenant calme toi et va dormir !

— NON ! Veux pas !

Excédé, Ari saisit la peluche de son petit frère et partit avec.

— Très bien, tu es puni alors. Bonne nuit.

Il ferma la porte de la chambre, le laissant dans le noir, seul. Il entendit ses sanglots à travers les murs mais ne céda pas, après tout lui aussi avait envie de pleurer ! Mais il ne le faisait pas, car il devait rester fort, il était le dernier pilier d'Elpis. C'était lui l'adulte maintenant, bien que ce fait le terrifiait car intérieurement, il se sentait encore comme un enfant, rêveur utopiste et innocent. Désormais c'était le rôle d'Elpis, plus le sien : lui devait être fort, responsable, il devait travailler pour avoir assez d'argent et payer une enfance heureuse à son petit frère. Et il avait peur de bientôt ne plus avoir le temps de rêver liberté, refus de la société et idéal de pensées.

Et puis que se passerait-il si Ostrace ne revenait jamais ? D'après ce qu'en avait dit Mélétos, le procès aurait lieu la semaine suivante. L'attente semblait si longue et les journées qui le séparaient du jour tant attendu étaient interminables, particulièrement lorsqu'Elpis se rendait à l'école, laissant son grand frère seul. Heureusement, celui-ci avait droit aux visites de Diane et Minerva, lorsque elles ne travaillaient pas.

Les deux femmes étaient très gentilles et éclairées sur diverses sujets, s'étant émancipées peu à peu du philosophe. Il apprenait beaucoup avec elles, mais les discussions avec Ostrace ne lui manquaient que plus encore.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant