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Le mois de décembre avait apporté avec lui un vent froid qui s'était abattu sur toute la ville, pourtant, Ari et Ostrace continuaient leurs promenades sous les petits flocons de neiges qui tombaient lentement.

Ari avait revu Sophia, parfois en compagnie de Mélétos. Le reste du temps, il travaillait avec Pyrilampe, n'ayant plus besoin de cours de rattrapage en histoire, et partait retrouver Ostrace dès qu'il finissait sa journée.

— J'ai invité des amis à dîner dans deux jours, voudras-tu te joindre à nous ? Proposa alors Ostrace, au détour d'une conversation.

— Oui, avec joie ! Par contre je préviendrai mes parents à l'avance cette fois, accepta Ari en se grattant la joue.

— C'est mieux en effet. D'ailleurs, sais-tu pourquoi j'ai choisi ce jour précis, le vingt-quatre décembre pour inviter des amis ?

- Non, expliquez-moi !

- Sache qu'il fut un temps où ce jour était un jour de fête, c'est une vieille connaissance qui m'en a parlé lorsque j'avais ton âge.

— En quel honneur faisait-on la fête ?

— Les raisons changèrent aux fils des centenaires, mais elles étaient toujours religieuses. Il y a des millénaires, cette fête était nommée « les saturniennes », en l'honneur du titan Saturne - ou Cronos, suivant l'époque - le père des dieux. C'était un moment de paix, où on stoppait toutes les guerres, et d'égalité car les statues de maîtres et esclaves disparaissaient. On organisait de grands repas en chantant des prières aux dieux, et on s'offrait des cadeaux.

— Pourquoi cette fête à disparut ? Elle avait l'ai si bien, et elle correspond parfaitement à nos mœurs : l'égalité, la paix, la fin de la guerre.

— Attends Impatient, je n'en suis qu'au début de l'histoire ! Donc par la suite, cette fête fut l'occasion d'organiser des spectacles de combats entres des hommes qu'on appelait des gladiateurs. A la même époque, une nouvelle religion apparut, et trouva cette fête affreusement barbare, ils décidèrent donc de se l'approprier et de la changer : cette fête devint l'anniversaire de la naissance du Christ, la célébration la plus importante dans cette religion. Les croyants assistaient à des messes toute la nuit, reproduisait la scène de la naissance du fils de leur Dieu, afin d'unifier les fidèles. Un jour, un croyant, nommé Nicolas, décida que cette nuit là, il irait à dos d'âne chez les enfants les plus pauvres, et remplirait leurs chaussettes qui séchaient sur les cheminées, avec de l'or. A la mort de Nicolas, cette histoire devint une légende qui évolua : il ne voyageait plus à dos d'âne, mais dans un traîneau volant, tiré par neuf reines, et il distribuait des cadeaux à tout les enfants sages du monde, un vrai conte de fée ! Mais en réalité, c'était les parents qui offraient les cadeaux à leurs enfants, qu'ils soient sages ou non d'ailleurs. Puis la religion finit par perdre de son importance, rendant cette fête principalement commerciale : on invitait sa famille pour un grand repas, on s'offrait des cadeaux et on décorait les habitations.

— Vous parlez de religion et d'ailleurs Rimbaud et Verlaine en parlent aussi dans leur poèmes, pourquoi n'en avons-nous plus aujourd'hui ? Cela semblait important pourtant.

— Les religions étaient des moyens de donner un sens à nos vies et des explications aux choses inexplicables. Mais de grandes questions restaient sans réponses : si un dieu à tout créé, qui l'a créé lui ? Pourquoi la science ne nous dit pas la même chose ? Finalement les religions aidaient les croyants en transmettant des morales, en promettant la vie éternelle après la mort et le pardon pour toute action ; on se sentait protégé par une force supérieur, nous donnant le sentiment d'avoir de l'importance. Mais il y avait plusieurs religions, et toutes n'étaient pas d'accord entre elles, ce qui pu conduire à des guerres, des massacres, au nom d'un Dieu dont on ne pouvait prouver l'existante. Alors, comme la philosophie, la religion fut bannie.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant