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Le lendemain matin, Ari se réveilla dans une chambre d'enfant, la chambre du second fils d'Ostrace. Celui-ci avait refusé qu'Ari et son frère s'en aillent dormir à l'hôtel et les avaient accueillies dans sa maison, pour une durée indéterminée. Il leur avait également prêté des vêtements, Ari n'ayant pas encore eu le force de retourner chez lui chercher ses affaires. Ostrace avait compris, et donné des vêtements de ses fils à Elpis, et des vêtements d'adolescents à Ari. Ces derniers étaient dans le style que ceux qu'Ostrace lui avait déjà passé, lors de sa première fugue, mais leur propriétaire originel lui était toujours inconnu : les vêtements étaient trop grands pour avoir appartenu à son ami, et assez usés pour témoigner des années passées.

En descendant dans la cuisine pour le petit déjeuner, il fut surpris de trouver Ostrace et Elpis en grande discussion :

— . . . Et puis je rêvais que je volais dans les air avec un costume et avec Scapin, c'est ma montre, on faisait plein de trucs géniaux !

— Tu en as de l'imagination toi, répondit Ostrace en riant.

— Bah oui !

— Quelles bêtise es-tu en train de raconter ? Intervint Ari en s'approchant.

En voyant son frère, le petit garçon se leva et fonça vers lui, les bras grands ouverts. Si ses yeux étaient encore bouffis par les larmes, il avait l'air d'aller mieux, et la vue de son frère lui avait redonné un grand sourire qui dévorait ses belles joues d'enfant.

— Dépêches-toi on va être en retard à l'école ! S'écria Elpis en le tirant par le bras vers la table où le petit déjeuner était servit.

— Tu veux y aller ? Tu sais, ce n'est pas grave si tu loupes quelques jours parce que tu es triste.

— Maman et papa me manquent, et puis Ariane, Denis et Marcel aussi. .  Mais papa il serait pas content que j'aille pas à l'école et maman elle est pas contente quand on est triste. Alors je veux aller à l'école ! Mais j'ai pas mon cartable. . . Comment je fais, je veux pas être puni !

— Je t'emmènerai à l'école en voiture si tu veux, proposa Ostrace. Et si on part assez en avance on devrait avoir le temps de passer chez toi chercher tes affaires.

— Merci Os !

— Os ? Répéta Ari avec incompréhension.

— Oui, c'est trop compliqué comment il s'appelle, c'est plus facile Os.

— Mais ce n'est pas très respectueux. . .

— Ce n'est rien Ari, ça ne me dérange pas. Alors, jus d'orange ou chocolat chaud ?

Le jeune homme prit donc place à table pour manger, du moins quelques bouchées, tandis qu'Elpis allait se préparer pour l'école.

— Désolé que vous soyez contraint de vous en occuper, je ne voulais pas être une charge pour vous.

— Ça ne m'embête pas du tout, ton frère est un petit garçon plein de vie, et ainsi, vous animez un peu ma vie aussi. Tu veux que je te ramène quelques affaires lorsque je passerai chez toi ?

Il hocha la tête, honteux d'en demander tant à son ami, de toute façon, n'ayant plus de montre, il aurait été incapable d'ouvrir la porte d'entrée. Heureusement qu'Elpis avait la sienne.

Lorsque son frère et Ostrace partirent, il fit la vaisselle, essayant de se sentir un peu utile, puis il déambula dans la maison comme une âme en peine. Dans le salon, les nombreux livres lui firent de l'œil, seuls moyen qu'il connaissait de s'évader de la triste réalité, mais il n'osa pas y toucher. A la place, il s'assit devant le piano et tenta de jouer quelques morceaux en suivant les partitions de l'ancienne compagne d'Ostrace. Mais le cœur n'y était pas, les notes étaient sans saveurs, et les mélodies bien fades.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant