37

271 51 16
                                    

Ari prit le métro jusqu'au dernier arrêt et dut marcher un bon quart d'heure pour arriver au parc. En ce début de moi de mars, toute la neige avait fondu, mais un vent frais annonçait encore le temps hivernal. Le jeune adulte s'arrêta quelques secondes pour enlever ses chaussures et dès qu'il sentit l'herbe geler sur ses pieds, il frissonna. En cet instant, il ressentait plus que jamais l'absence de son mentor, et cela lui serrait le cœur.

Il marcha jusqu'à la clairière où tous deux avait regardé les étoiles la première fois, et ne fut pas surpris d'y retrouver Diane, Ganymède et Hermaphrodite.

C'est elle qui l'avait contacté, juste après la réunion de l'Assemblée, lui demandant de les rejoindre pour discuter. Ari, encore sous le choc de ce qui lui était tombé dessus s'était empressé de les rejoindre.

En arrivant face à eux, il remarqua le pot que la femme tenait en main, mais le jeune homme avait bien trop de question à poser à son amie pour se préoccuper de l'objet.

— C'est toi n'est-ce pas ? Demanda-t-il simplement.

Elle hocha la tête.

— Le paquet que je t'ai donné contenait de magnifiques petits gâteaux, aussi empoisonnés que le repas que mademoiselle Turing a fait avaler à ta famille et à Ostrace. Elle ne fera plus de mal à personne.

Mais cette finalité ne rendait pas la jeune femme aussi heureuse que le laissait paraître sa voix : ses yeux étaient hantés par la culpabilité, celle d'avoir ôté la vie.

— C'était la seule chose à faire, ajouta-t-elle avec assurance, bien que son regard ne se soit baissé.

Ganymède passa un bras protecteur autour de ses épaules pour la réconforter, puis il lui prit le pot des main.

— Après l'exécution, quand tu es parti à la poursuite de Sophia, nous avons pu demander aux agents chargés du corps de récupérer les cendres, avant qu'ils ne les jettent.

Les cendres d'Ostrace : c'était cela, dans le pot.

— C'est ici que nous nous sommes rencontré, lui et moi, poursuivit Ganymède. C'était son parc préféré. J'ai pensé que ce serait un bel endroit pour disperser ses cendres.

Ari hocha la tête, trouvant lui aussi que c'était une bonne idée. C'était ici que le philosophe l'avait emmené pour voir les étoiles, avant de lui raconter l'histoire d'Orphée, cet homme qui par amour s'était cru plus fort que la mort.

Ensemble, ils ouvrirent le pot, et le penchèrent pour en faire sortir les cendres. Le nuage de poussière se dispersa rapidement, sous les regards religieusementss calmes des amis du défunt.

— Et maintenant qu'Ari est à la tête du pays, que faisons-nous ? Demanda Hermaphrodite.

Autour d'eux, le vent soufflait, emportant avec lui les dernières cellules du philosophe. Le silence était comble, tandis qu'ils réalisaient qu'un tournant dans leur vie allait être pris.

— Les prochaines élections sont prévus pour la fin de l'année, annonça Ari, mais je ne peux pas. Je ne peux pas attendre une année.

Non, sa place n'était pas devant cette assemblée, à diriger. Il n'était pas fait pour ça, il était à peine adulte et avait tellement de choses à faire, à chercher, à découvrir, à vivre !

— Dans un premier temps, il va nous falloir trouver un moyen pour désintoxiquer toute la population de leur dépendance aux montres, déclara Ganymède. Ce sera sûrement long, et compliqué, mais s'était la mission d'Ostrace, et maintenant c'est la nôtre.

— On ne peut pas faire ça d'un coup, ce serait un choc trop dur, objecta Hermaphrodite. Mais nous avons le pouvoir de faire changer les choses, si nous ne le faisons pas maintenant, personne ne le fera jamais.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant