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 — Allô ?

Enfin ! Voilà des heures qu'il essayait de la contacter !

— Sophia !

Sa voix était transpercée par la colère, mais la femme ne semblait pas le remarquer.

— Ari ? Comment vas-tu ? Désolé, je t'ai aperçu ce matin au procès mais je n'ai pas eu l'occasion de venir te saluer.

— Comment as-tu pu ?! Comment as-tu pu le faire condamner !

— Ne t'énerves pas, c'est pour ton bien, dit la jeune femme calmement. C'est mieux ainsi.

Mais ses paroles n'eurent pas le don de le calmer, au contraire.

— Mieux ?! Ostrace va mourir ! Hurla-t-il du fond de son cœur blessé. Il va mourir et c'est ta faute ! Mélétos a dit que c'était toi qui l'avait poussé à porter plainte. Vous étiez mes amis, mes meilleurs amis ! J'avais confiance en vous !

— Navrée Ari, c'était le mieux à faire, répondit-t-elle plus fermement

— Le mieux pour qui ?!

— Bon écoute, je dois te laisser j'ai du travail. Ostrace restera emprisonné durant un mois, le temps que le poison qui lui donnera la mort ne soit prêt. En attendant tu as le droit de lui rendre visite, toi ou qui que ce soit d'autre. Néanmoins, si j'apprends qu'il s'est échappé, je saurai de qui cela vient.

Et elle lui raccrocha au nez.

Enragé, Ari ne pût s'empêcher d'abattre son poing contre le mur le plus proche. Mais il ne se sentit pas mieux, au contraire et en plus de ça maintenant, il avait mal à la main.

C'est ainsi que le lendemain matin, dès qu'il eut laissé Elpis à l'école, il s'empressa d'aller rejoindre son pauvre ami. Le petit garçon avait protesté, voulant lui aussi revoir son grand ami Os, mais il avait fini par céder après que son grand frère ne lui apprenne qu'ils s'y rendraient le week-end prochain.

C'est donc seul qu'Ari prit la direction de l'hôpital psychiatrique de la ville, là où toutes les personnes jugées dérangeantes étaient emmenées.

— Vous êtes là pour ? Demanda un homme à l'accueil.

— Je viens voir Ostrace Sophronisque.

Il avait tout de même fallu qu'il soit condamné à mort pour qu'il sache enfin quel était son nom de famille, pensa Ari tristement. Mais il préféra refouler tout au fond de son esprit la sentence qui résonnait encore à ses oreilles, au risque de laisser ses émotions déborder.

— Cellule numéro trois.

La cellule de détention où il avait été emmené se trouvait dans les sous-sols. Le jeune homme prit donc la direction indiquée, traversant un couloir silencieux qui donnait sur une dizaines de portes. La troisième était tout au fond et il dut utiliser sa montre pour débloquer la porte grâce à l'autorisation que lui avait transmis l'homme de l'accueil.

Dans la cellule, il n'y avait aucune fenêtre, après tout ils étaient dans les sous-sols du bâtiment. Il n'y avait qu'un lit qui avait dû connaître des jours meilleurs et des toilettes dans un coin. Les meubles abîmés et le carrelage sur tous les murs donnaient un résultat sordide. Et Ostrace était là, au milieu, assis à même le sol.

— Ari !

En voyant son visiteur, il se releva pour l'accueillir avec le même sourire que s'il était rentré à la maison après une sortie. Le jeune homme ne put se retenir, et se jeta dans ses bras, le serrant de toutes ses forces comme il avait pu le faire après ses cauchemars.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant