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L'évasion d'Ostrace fut prévue une semaine avant sa supposée mise à mort mais s'ils se loupaient, ils savaient qu'ils n'auraient pas d'autre chance de le sauver.

C'est ainsi qu'en fin de journée, Ari et Diane partirent chercher Elpis à la sortie de l'école.

— Didi ! S'écria le petit en voyant la femme qui accompagnait son frère.

— Ça va mon grand ? On va passer quelques heures tous les deux.

Enchanté par cette perspective, il sauta dans la voiture et s'accrocha sur son siège auto. Ari lui, ne se sentait pas si apaisé, tandis que la voiture se dirigeait vers l'hôpital psychiatrique.

— Je peux venir voir Os ? Demanda Elpis en reconnaissant l'endroit.

— Non tu dois rester ici, lui dit son frère avec raideur.

Il espérait de tout cœur que leur plan allait marcher sinon. . . Eh bien il avait prévu un sac dans le coffre, contenant de quoi survivre pour passer la frontière clandestinement. Tous avaient prévu un sac de ce style, sans compter celui pour Ostrace.

— A tout à l'heure, et sois sage Elpis, recommanda Ari en descendant de la voiture.

Il se sentit terriblement mal à l'aise lorsqu'il marcha, avec la peur grandissante d'être observé. Et si quelqu'un trouvait son comportement étrange ? Et s'il se faisait arrêter comme Ostrace ? Et s'il était enfermé à son tour ou même condamné à mort ? Qui s'occuperait d'Elpis ?

Alors qu'il entrait dans le bâtiment, il essaya de reprendre une respiration normale, mais la pierre qui semblait avoir élu domicile dans son estomac n'aidait pas.

— Bonsoir, vous êtes là pour ? Demanda l'homme à l'accueil.

— Je viens voir Ostrace Sophronisque.

— Cellule numéro trois.

Le jeune homme emprunta un couloir qu'il commençait à bien connaître maintenant, les poings serrés pour s'empêcher de trembler trop fort. Lorsqu'il fut face à la porte où était gravée le chiffre trois, il toqua, avant de passer sa montre près de la serrure pour l'ouvrir.

Ostrace était une fois de plus assis par terre, dans ses vieux vêtements larges, comme les mendiants dans les livres. Mais s'il était un mendiant, alors il était le plus riche de tous, pensa Ari.

— Ari, le salua-t-il en se relevant. Que fais-tu là à cette heure mon ami ?

Le jeune homme ferma la porte derrière lui et une fois assuré d'être seul, se rapprocha d'Ostrace jusqu'à pouvoir passer ses bras autour de son cou.

— On va vous sortir de là, chuchota-t-il près de son oreille. Je vais vous ouvrir le passage vers les égouts, au fond du couloir, vous y trouverez Ganymède. Hermaphrodite vous attendra avec une voiture au bout, pendant que Minerva partira avec leurs montres pour les disculper si jamais l'un de nous est attrapé. Moi et Elpis nous rentrons à la maison, pour que Sophia ne se doute pas de notre implication. Vous serez enfin libre.

Ari resserra son étreinte quelques secondes, puis recula en essayant de dissimuler ses larmes derrière un sourire. Mais il se fana en voyant le visage fermé de l'homme qui lui faisait face.

— Non, refusa Ostrace.

Même dans ses pires cauchemars, la situation ne prenait pas cette tournure.

— Comment ça ? Mais tout est prêt ! on ne peut pas vous laissez là, vous allez mourir !

— On va tous mourir, un jour ou l'autre. La mort ne me fait pas peur. Néanmoins, je refuse de mourir en ayant commis un crime.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant