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Ce n'est que deux jours plus tard, après qu'Elpis soit parti à l'école, qu'Ostrace osa enfin ouvrir le mystérieux cadeau qu'il avait reçu pour Noël.

Allongé sur le lit d'enfant de sa chambre, Ari regardait la photo de son pendentif. Encore. Il ne pouvait cesser de la fixer, ce si jolie souvenir d'un passé dépassé. Désormais, il avait décidé de garder ce bijou autour de son cou pour deux raisons : il aurait toujours l'heure à porté de main, tout comme les sourire de sa famille.

C'est alors qu'une musique provenant du salon se mit à s'élever dans la maison. Elle était douce, puis l'air devint plus entraînant, festif et la voix d'un homme s'additionna au son.

Intrigué, Ari se leva et descendit. Il trouva Ostrace, les yeux fermés, devant un lecteur CD d'où provenait visiblement la chanson. Il était si emporté par les paroles, qu'il n'avait même pas entendu le jeune homme descendre, et sursauta lorsqu'il s'adressa à lui :

— Quelle est cette chanson ?

— C'est le cadeau que m'a offert un vieil ami.

— Ganymède, c'est ça ? L'homme dont Minerva et Diane ont parlé.

— C'est bien lui en effet, répondit Ostrace d'une voix posée, alors qu'en fond, la chanson reprenait un air plus doux.

— Et par hasard, est-ce le même Ganymède qui travaille aux sous-sol de l'Assemblée Nationale ?

— Cela se pourrait bien.

C'était bien la seule fois où le philosophe se trouvait si avar de mot ! Mais Ari était bien trop curieux : alors le Ganymède qu'il avait rencontré, le cousin de Mélétos, avait été ami avec Ostrace ? Quelle coïncidence ! Mais que s'était-il passé ? Et pourquoi Ostrace ne lui en avait pas parlé lorsqu'il lui avait dit pour sa visite des sous-sols ?

C'est alors que la sonnette de la maison retentit. Ostrace mit la musique sur pause et partit voir qui leur rendait visite. Il se passa moins d'une minute avant qu'il ne revienne, précédé d'une jeune femme fort affolée.

— Ari ! S'écria Sophia en se jetant dans ses bras. Ça fait trois jours que j'essaye de te contacter mais tu ne réponds pas ! Je suis même allée chez toi et au bureau de ton beau-père, mais il n'y avait personne. Je me suis tellement inquiétée !

— Désolé de ne pas t'avoir répondu, c'était pas intentionnel.

Par contre, écraser sa montre dans la neige l'était. . . il n'avait juste pas pensé au fait qu'ainsi, il se coupait de toute communication extérieur.

— Heureusement tu es là, j'étais à deux doigts de prévenir les agents du gouvernement de ta disparition.

— Il ne fallait pas, je. . . je vais bien.

Ce n'était pas très exact, mais il n'avait pas envie de s'étendre sur son cœur si lourd.

— Pourquoi es-tu venu ici ? Poursuivit Sophia. Et où est ta famille ?

Que devait-il lui dire ? La vérité ? Il en était incapable. . .

— Mademoiselle Turing, venez dans le salon, nous y serons plus à l'aise pour poursuivre cette discussion.

. . . Heureusement Ostrace était là.

Dès qu'ils furent tous les trois assis, ce fut lui qui prit la parole pour expliquer la situation à la jeune femme. Celle-ci, une fois mise au courant, prit Ari dans ses bras.

— Oh mon pauvre, c'est tellement horrible ! Mais ne t'inquiètes pas, tu n'es pas seul. Mélétos et moi on est là si tu as besoin de quoi que ce soit.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant