Le reste du mois passa rapidement, et le jeune homme n'eut que très peu l'occasion de rejoindre Ostrace pour discuter poésie et philosophie. Il devait se contenter de lire et relire les poèmes de Rimbaud entre ses heures de travail et ses cours de rattrapages.
C'est ainsi que le mois d'octobre arriva, et avec lui, une nouvelle réunion de l'Assemblée Nationale.
Ari et Pyrilampe firent leur entrée plus en avance qu'à l'accoutume mais le député les arrêta avant qu'ils ne franchissent les portes de l'amphithéâtre :
— Un ami député a pris son neveu comme secrétaire et ta mère pense qu'il serait bon pour toi de te faire de nouveaux amis. Essaye de bien te comporter s'il te plaît.
Le jeune homme ne sut quoi répondre, alors il hocha la tête, et suivit son beau-père qui descendait dans l'amphithéâtre, saluant des connaissances. Il s'arrêta devant le député Dracon et lui serra la main.
— Alors où est ton nouveau secrétaire ?
Un jeune homme passa sa tête par dessus l'épaule de Dracon et sourit. Il était grand comme Ari, un peu moins musclé, pourtant il ne semblait pas manquer d'assurance.
— Je m'appelle Mélétos, enchanté de faire votre connaissance Monsieur Gramma.
— Moi de même, et je te présente mon beau-fils, Aristoclès.
Ari fit un signe de la main, un peu mal à l'aise.
— Alors, comment se passe ses premiers jours comme secrétaire ? Demanda Pyrilampe à son collègue.
— Figaro, quel est le bilan des premiers jours de travail de Mélétos ?
— Mélétos vous a suivi lors de tous vos déplacements, démontrant un intérêt pour la politique. Il a pris des initiatives quatre fois cette semaine et a permis de vous alléger votre temps de travail de deux heures. Mélétos est consciencieux dans son travail mais manque d'expérience.
— Mélétos est consciencieux dans son travaille mais il manque d'expérience, répéta Dracon.
— Si ça t'intéresse, j'ai chargé Ari de distribuer le compte rendu demain, Mélétos pourrait peut-être l'accompagner.
Le jeune homme s'était sentit joyeux lorsque Pyrilampe l'avait chargé de distribuer les comptes rendus : la première fois qu'il l'avait fait, il avait passé trois belles journées et avait fait la rencontre d'Ostrace. Mais maintenant qu'il se retrouvait accompagné par cet autre garçon, sa gaieté avait subitement diminué.
Les deux députés conversèrent encore quelques minutes, jusqu'à l'arrivée de la présidente qui les fit s'asseoir d'un grand sourire. Elle commença à interroger les politiciens sur la situation du pays, ainsi Dracon énuméra leur fructueuses récoltes agricoles, Pyrilampe parla des petits problèmes économiques traversés par quelques petites villes, puis ce fut au tour du vieux Nestor.
— Les pays voisins rencontrent des difficultés et ont décidé de fermer leurs frontières. Tout contact avec eux est impossible, de quelque nature qu'il soit.
— Pour quelles raisons ? Demanda Mme Olympe.
— Gusman, pour quelles raisons ?
— Raisons inconnues.
Ari était intrigué par cette annonce, mais personne ne sembla s'en préoccuper d'avantage : la montre ne savait pas, alors ils n'avaient pas besoin de savoir.
Ce fut bientôt à Monsieur Turing de prendre la parole.
Galilée Turing était le fils d'Archimède Turing, l'inventeur des montres et le tout premier programmeur. A la disparition de son père, il avait décidé de reprendre son rôle, celui d'intermédiaire entre les programmeurs et le monde. Il venait deux fois par ans à l'Assemblée, afin de faire part des avancées, mais il restait si secret, qu'au final la vérité qu'il délivrait ne devait être qu'un coquelicot dans un champ de blés.
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Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]
Science-FictionAri est un jeune homme timide issu d'une grande famille de politiciens et dans son monde, plus personne ne réfléchi par lui même car faire des choix n'est cause que de tracas. Ici, les décisions sont donc prisent par des montres programmées pour ass...