Chapitre 3 : Aylan

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Les paupières lourdes et le corps inerte, je tente d'arrêter l'alarme qui se voudrait douce et qui provoque pourtant en moi des envies suicidaires. Je déteste avoir à me réveiller aussi brusquement, il n'y a rien de plus désagréable. Et, même si je sais que cette fatigue est en partie ma faute, je ne peux m'empêcher de pester. Si je m'étais couché plus tôt, peut-être que mes difficultés à me lever auraient été moindres.

Une fois la sonnerie éteinte, ma main droite vient se poser sur mes paupières encore fermées. Il faudrait que je me lève, j'en ai conscience, et pourtant, quelque chose en moi semble avoir peur d'ouvrir les yeux. C'est stupide, et pourtant, j'ai l'étrange impression que ce réveil haut en fanfare n'est que le début d'une longue suite de conneries.

Un soupir s'échappant de mes lèvres, je décide d'enfoncer mon visage dans le cou d'Emma, dans l'espoir de trouver un peu de réconfort dans sa douce odeur acidulée, mais, lorsque je sens non pas son odeur citronnée mais bel et bien une odeur de barba papa à la place, une minute de doute me traverse et, ouvrant brusquement les yeux, je manque de peu de m'étouffer en voyant le visage endormi d'un mec au teint plus que pâle. Mais... Qu'est-ce qu'il fou là lui ? Et surtout, qui c'est ?

Me précipitant pour me lever, je manque de peu de tomber du lit mais me rattrape de justesse. Immédiatement, je regarde autour de moi pour voir si Emma est dans la chambre mais, ne la voyant pas, je me précipite dans la salle de bain. Toujours personne. Mais le reflet qui m'apparait dans le miroir me fait réaliser que je suis certainement entrain de rêver. Passant alors un coup d'eau sur mon visage, j'espère rapidement me réveiller. Je ne peux pas croire que j'ai dormi avec un mec, qui plus est un inconnu. C'est tout bonnement impossible.

Toujours penché au-dessus de l'évier, je serre les poings, et tente de reprendre un semblant de raison. Et lorsque je relève le regard, croisant le regard vide d'Emma dans le miroir, je pense avoir réussi à me sortir de ce rêve. Pourtant, quand, un sourire de soulagement aux lèvres, je me tourne, la seule chose que je vois est ce même garçon, au teint de porcelaine. En d'autres circonstances, j'aurai pu penser qu'il était étrangement beau pour un mec, mais à l'instant-même, la seule chose que je puisse relever est le trouble qu'il créé en moi.

Je voudrais lui demander qui il est, savoir ce qu'il fait ici, mais aucun son ne semble vouloir m'échapper. C'est presque comme si quelque chose m'empêchait de le faire, comme si j'étais prisonnier, comme si quelque chose allait m'arriver si je venais à lui poser une quelconque question.

Tournant sur moi-même dans l'espoir de pouvoir oublier le noir de son regard, un frisson me parcourt en voyant le reflet d'Emma se fondre avec le sien dans la glace.

Une main froide se pose sur mon avant-bras alors qu'une étrange impression s'étend de plus en plus en moi. Repoussant brusquement ses doigts curieux, je tombe sur son regard innocent à quelques centimètres du mien, me faisant presque regretter mon geste.

« Putain mais t'es qui... ? »

Son visage se penchant très légèrement vers la droite, il laisse son bras tomber le long de son corps.

« Elion. »

D'une fine voix grave, ses lèvres d'un rose douloureux s'entre-ouvrent pour laisser s'échapper un nom pour les moins atypiques. Mais, à vrai dire, au regard de son comportement et surtout de son apparition des plus douteuses, je ne suis pas le moins du monde surpris par ce dernier.

« Qu'est-ce que tu fous là ? Tu n'es pas censé être ici. Et comment t'es rentré ? Elle est où Emma ? »

Alors que ses lèvres s'ouvrent doucement pour me répondre, mon colocataire, Joseph, pénètre dans la chambre, son sac sur le dos, venant déposer sa valise pour visiblement très vite repartir. Et contrairement à la réaction que toute personne lambda aurait dû avoir en me voyant, torse nu, dans la salle de bain, avec un autre mec que personne ne connaît, cet idiot se met simplement à rire, s'avançant sans le moindre scrupule pour venir me donner une petite tape dans le dos, posant son regard sur le dénommé « Elion ».

Éphémère [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant