Chapitre 9 : Aylan

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Alors que la semaine touche à sa fin, la fatigue prend possession de moi, et la frustration encore plus. Principalement parce que ce soir, Georgie nous a tous invités à aller manger à Mcdo, et par « tous », je sous-entends « Emma » aussi. « Emma » et « Elion » semblent se confondre dernièrement... Et je ne sais plus quoi faire. Une part de moi commence honnêtement à détester Emma. Je savais bien que certaines personnes se plaisaient à casser de manière sadique, mais jamais je n'aurai pensé qu'Emma serait ferait parti de ce groupe cruel, et je l'aurai encore moins cru être capable de le faire comme ça. C'est franchement détestable.

Et Elion, lui, toujours aussi fidèle à son rôle. Lorsque tous sont là, il tente d'imiter le caractère d'Emma, et lorsque nous sommes seuls, il redevient le garçon mignon mais peu bavard, presque énervant. Et bon dieu qu'est-ce que ça m'énerve ! Il n'arrête pas de tenir le même discours. « Je suis un ange. », « Ils ne me voient pas, ils ne voient qu'Emma. », « Que tu me crois ou non, c'est comme tu veux, mais je ne mens jamais. ». Et moi je suis quoi là-dedans ? Un pantin. Oui, un simple pantin. Un pantin qui ne sait même pas où aller. Comme si deux enfants tiraient chacun sur l'un de mes bras, et que je me retrouvais au milieu, silencieux, à attendre que tout passe.

Alors que j'arrive devant le fast-food, les écouteurs dans les oreilles, mon regard vient directement se poser sur Elion, assis sur l'herbe humide en tailleur, qui observe visiblement avec grand intérêt la nature peu authentique autour de lui.

Je tente de regarder autour de moi dans l'espoir de voir les personnes supposées être mes amis apparaître dans le paysage, mais aucun d'entre eux ne semblent vouloir faire acte de présence, me poussant alors à m'approcher de celui qui a vraiment foutu le bordel dans ma vie. Je n'ai pas oublié la scène de l'autre jour, bien au contraire, et j'avoue me sentir un peu stupide vis-à-vis de la réaction que j'ai eu, et rien qu'en me remémorant la tristesse à peine visible dans ses yeux, je me sens encore plus coupable. C'est ridicule puisque, si je l'avais vraiment voulu, j'aurai très bien pu m'empêcher de réagir aussi puérilement, mais honnêtement, à ce moment-là, j'étais juste terriblement énerver et je pense que, si j'étais resté, j'aurai rapidement fini par vraiment le blesser, peut-être pas physiquement mais psychologiquement, sûrement. Alors, en soit, s'il vient à me repousser, je ne pourrais pas vraiment lui en vouloir, mais, peu importe sa réaction, j'imagine que je devrais avant tout lui présenter mes excuses, non ?

Avançant jusqu'à arriver à ses côtés, je m'accroupis dans l'espoir de me mettre à sa hauteur, pour qu'il réalise enfin que je suis présent, et que je suis bien le seul à ne pas être en retard, bien que j'aurai préféré le contraire...

« Salut. »

Sans même relever le regard, il m'offre ce simple mot de manière presque désinvolte, comme s'il n'en avait rien à faire de l'effort que je viens de faire pour venir le voir alors que je le déteste certainement.

« Qu'est-ce que tu fais ?

- Rien de particulier, je vous attendais juste.

- Si ça peut te rassurer, ils seront sûrement tous en retard, mais je peux te tenir compagnie, si tu veux. », finis-je avec un sourire qui se veut amical.

Je sais que c'était assez maladroit de ma part, mais c'est toujours mieux que de rester chacun de son côté, non ?

Alors que je m'apprêtais à lui présenter mes excuses, il lève soudainement le visage vers moi, ses yeux venant se planter dans les miens, légèrement perdus je crois.

« Tu me crois enfin ? Ou est-ce que tu offres ce sourire à toutes les personnes que tu essaies de tromper ? »

La question me prend un peu au dépourvu, je le reconnais. Mais les mots m'échappent, comme si inconsciemment, je tentais de repousser le moment des excuses jusqu'à la dernière seconde.

Éphémère [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant