Éphémère [BxB]

Chapitre 25 : Aylan

Marchant lentement jusqu'à l'entrepôt, regardant mes pas s'imprégner dans la neige déjà posée au sol, je ne parviens pas à écouter la musique qui s'échappe de mes écouteurs. En réalité, je ne suis même pas sûr que ma playlist soit encore en marche. La seule chose qui soit sûre, en ce moment-même, c'est que la nuit est tombée, et que le froid gèle lentement toutes mes articulations. Bien que mes mains soient plongées dans mes poches, mes doigts peinent à bouger. A la seule lumière de la lune, brillant tout particulièrement ce soir, la solitude est la seule chose qui me tienne compagnie. En réalité, elle est la seule qui me soit réellement avec moi depuis ces deux derniers jours. Bien évidemment, Emma a déjà essayé de venir me parler, même si elle paraissait toujours quelque peu apeurée par ma simple présence, mais je n'ai jamais réussi à la regarder dans les yeux. A chaque fois, je ne désirais que mettre fin à la conversation le plus vite possible. J'imagine que je me sentais juste mal à l'aise... Et Hysae a bien tenté de venir me voir, pour essayer de comprendre ce qui n'allait pas, mais je n'ai pas été capable de dire quoi que ce soit. En soit, leur incompréhension est assez logique, j'imagine qu'à leur place, j'aurai réagi de la même manière. Après tout, il y a encore quelques jours, j'étais le plus heureux avec « Emma », et maintenant, je l'évite comme si elle avait la peste... Je sais que je dois passer pour le pire des imbéciles à leurs yeux, ou peut-être pour le plus grand lunatique au monde, et en soit, ils n'auraient pas vraiment tort, mais, dans tous les cas, je ne pourrais jamais leur expliquer quoi que ce soit... Que ce soit à Hysae, Georgie, Emma, ou encore Joseph, aucun d'entre eux ne pourraient comprendre quoi que ce soit. Honnêtement, et ce, dans le meilleur des cas, ils penseraient juste que je suis devenu fou et que j'aurais vraiment besoin de consulter un spécialiste, mais ils pourraient aussi tout simplement croire que je veux juste casser avec Emma, sans vraiment savoir comment le lui dire, et que, depuis tout ce temps, je n'aurais fait que de me moquer d'elle pour ne pas avoir à avouer qu'en réalité, je suis bisexuel ou tout simplement homosexuel. Et je ne veux pas passer pour le pire des abrutis...

Levant le regard vers le ciel, je ravale difficilement ma salive. Alors que je regarde la lune, je me demande faiblement ce qu'Elion est en train de faire. Est-ce qu'il pourrait être en train de penser à moi, lui aussi ? Est-ce qu'il essaie lui-aussi de trouver des solutions qui n'existent peut-être même pas dans le seul but de pouvoir me revoir... ? Est-ce qu'il se demande où est passée sa bague... ? Est-ce qu'il a lui-aussi toujours cette trace sur le torse... ? Est-ce qu'il va tout simplement bien... ? J'ai juste besoin de savoir s'il se sent bien, s'il vit bien notre séparation, si je lui manque autant qu'il me manque. Et j'aimerai honnêtement savoir comment faire pour lui parler ne serait-ce qu'une dernière fois.

J'imagine qu'il n'y a rien de plus cruel que de réfléchir autant... En réalité, je sais bien que c'est stupide, mais lorsque mes amis essaient de me faire parler, ils ont au moins le mérite de me permettre de penser à autre chose qu'au sourire d'Elion, à sa peau blanche comme une fleur de lys, à son toucher plus doux que la nuit elle-même. J'imagine que le plus dur est de n'avoir pour confidente que la lune elle-même... Elle est la seule pouvant comprendre ces sentiments qui me rongent de l'intérieur, la seule capable de faire le lien entre mon monde et le sien... Je sais qu'il est loin, qu'elle est loin, mais j'ai toujours l'espoir qu'il m'entende. Si je ne pourrais plus jamais entendre sa voix étrangement grave, alors j'espère que la mienne pourra au moins un jour l'atteindre.

Avant, je ne croyais pas en ces êtres surnaturels. Pour moi, tout ça n'était qu'une invention, et une petite, très légère partie de moi continue certes de douter, aujourd'hui encore, mais je ne peux pas croire qu'après ce que nous avons fait l'autre soir, il ait juste pu s'enfuir comme ça... J'aurai vraiment pu penser qu'Emma avait enfin fini de jouer et que, sa mission terminée, il serait partie avant même que je ne me réveille, mais après ces trois mois passés l'un avec l'autre, je refuse de croire qu'il ait ainsi pu me mentir si longtemps sans même que je ne vois rien.