Éphémère [BxB]

Chapitre 31 : Aylan

La musique résonnant dans mes écouteurs, l'un dans mon oreille, l'autre dans celle d'Elion, je regarde par la fenêtre, silencieux, ma tête posée sur celle de mon ange ayant alors trouvé le parfait coussin sur mon épaule où trônait ma capuche. Je sais bien que beaucoup de personnes dans le métro nous regardent, ayant pour la plupart visiblement peur d'accepter quel genre de relations nous pourrions avoir, lui et moi, mais je n'y accorde pas la moindre attention. Je sais que la mère en face de moi a donné son téléphone à son fils pour qu'il évite un maximum de nous regarder, moins il en voit, moins ça lui donnera des idées, hein ? Ridicule, mais qui suis-je pour juger sa méthode d'éducation ? Et, visiblement, elle avait vu juste puisque son fils ne nous a plus jeté un seul regard dès lors qu'il a eu l'écran entre ses mains. Et, quelques sièges plus loin, je sais qu'il y a deux filles qui nous observent. J'imagine qu'elles doivent être tout particulièrement troublées par la beauté d'Elion, qui ne le serait pas ? Il est si beau, encore plus lorsqu'il ferme ainsi les yeux pour apprécier la musique qui s'échappe de mon écouteurs, que je leur reconnais au moins toutes ces paillettes qu'elles peuvent avoir dans les yeux. Toutefois, je semble rapidement comprendre que, bien qu'elles soient plus qu'intéressées par Elion, c'est avant tout notre position qui les fait ainsi se sentir. Contrairement à la femme qui se trouve juste en face de moi, elles semblent vraiment touchées par notre relation, ce qui me ferait presque esquisser un sourire amusé.

Non loin d'elles, un groupe de garçons aussi nous observent, un tout particulièrement. Je peux parfaitement sentir son regard appuyé sur moi, et je ne prends pas réellement ce qui le perturbe autant, mais je me mets simplement à l'ignorer. Après tout, le paysage qui défile sous mes yeux est bien plus important pour moi que d'être vulgairement jugé par une personne que je ne connais même. Je n'ai jamais été du genre à m'attarder sur ce que les gens pouvaient penser de moi, j'aimais les observer, mais ça s'arrêtait là. Mais, là, même ça ne m'intéresse plus vraiment. Je suis là, avec Elion, et c'est la seule chose réellement intéressante pour moi, la seule qui compte.

Alors que notre arrêt arrive, je relève mon visage, souriant légèrement à l'idée de passer ma main dans ses cheveux pour lui indiquer qu'il va falloir que nous sortions rapidement. Et, alors qu'il ouvre les yeux, Elion ne semble réaliser que maintenant tous les regards qui nous étaient portés, si bien que ses joues ne prennent pas longtemps avant de rougir, me faisant ainsi me sentir encore plus attendri par lui. J'aime tellement l'observer lorsqu'il est ainsi gêné que ça en devient presque une obsession pour moi. Et, visiblement, je ne suis pas le seul puisque les mêmes filles de tout à l'heure semblent rapidement réaliser à quel point il peut être mignon. Mais, immature comme je suis, je ne peux m'empêcher de le marquer, posant mes lèvres sur sa joue alors que je lance un rapide regard vers elles. Visiblement gênées, elles détournent très rapidement le regard, paniquées à l'idée de nous déranger, alors que je vois bien que la femme juste en face de nous comme à s'impatienter, nous voyant sûrement trop proches pour son fils.

Prenant sa main dans la mienne, je tire Elion vers moi, le retenant fermement contre mon corps afin de ne pas le perdre parmi la foule de personnes qui entrent et sortent en même temps du métro. Je sais que c'est la première fois qu'il prend ainsi les transports, ce qui explique sans aucun doute sa gêne à l'idée d'être ainsi collé à tout le monde, alors je tente du mieux que je le puisse de le garder près de moi et, rapidement, nous sentons la brise hivernale frapper notre visage. Par cette nuit de fin janvier, il fait tout particulièrement froid, si bien que son nez et ses joues deviennent très rapidement rougis, me faisant sourire alors que nous nous empressons d'aller vers le planétarium. Je ne suis pas sûr que ça lui plaise réellement, mais je tenais à lui faire part d'une partie de mon univers. Il savait déjà que j'aimais l'univers, mais je ne lui ai jamais vraiment expliqué quoi que ce soit dessus, et quoi de mieux pour le plonger dans mon monde que de lui faire une initiation par les images ? Par ce petit film expliquant ce que deviennent les étoiles, j'ose espérer qu'il comprendra ma fascination pour ces dernières et qu'il acceptera de partager cet amour avec moi. Emma ne s'est jamais vraiment intéressée à l'espace, bien qu'elle connaisse parfaitement depuis toujours mon amour pour ce qui nous entoure, et pour la nuit en général, ce qui était une chose que je trouvais honnêtement blessant. En soit, je savais bien que je ne pourrais jamais la forcer à aimer un sujet qui ne l'intéresserait jamais, mais je désirais vraiment pouvoir organiser, ne serait-ce qu'une fois, une sortie comme celle-ci, comme pour simplement lui montrer que la nuit n'était pas que synonyme de ténèbres. Je voulais juste que, de temps en temps, elle s'intéresse un peu à mon monde, à mes désirs, à mes plaisirs, mais elle n'y a jamais accordé la moindre importance, à mon plus grand damne. J'ai vraiment l'impression que, cette fois, avec Elion, ça n'arrivera jamais, et j'en suis très heureux, plus que je ne pourrais jamais le reconnaitre.