Les pensées tourbillonnent, le monde semble s'arrêter, mais le temps continue de couler. Il ne restera bientôt plus rien. De simples souvenirs qui s'effaceront avec le temps, de vains traits peints que la neige finira par emporter, d'incomplets objets qui perdront toute once de réalité sans leur moitié. Viendra tôt ou tard un moment où les regrets l'emporteront sur la mélancolie. Il serait si simple de tout simplement tout oublier que le pire des châtiments serait de conserver ces moments dans un cœur trop faible pour tout effacer. Et lorsque le sablier ne laisse plus rien couler, les premières semaines nous paraissent bien lointaines et bien vaines : il a été si difficile de s'accepter que le temps s'est éloigné sans même être vu. Et une fois disparu, les secondes ne reviennent jamais. Le temps ne revient jamais, ne nous attend jamais. Le temps ne ressent rien, pas même la peine d'un amour naissant bientôt brisé.
Les horloges tournent, les aiguilles accélèrent, mais les actes ralentissent. Lorsque le temps ne s'arrête jamais de courir, quoi de plus doux qu'une pause ? Même si Chronos se moque de tous, un ange parmi tant d'autres rencontrant un simple humain ne peuvent-ils pas se jouer de la différence ? Ignorer les règles, oublier les lois, embrasser le danger n'est-il pas le seul moyen de se complaire dans un mensonge trop lourd à porter ?
L'amour a souvent pour but de vaincre le temps, de lui montrer que l'éternel existe et que la liberté n'est pas qu'illusion. L'amour est bien souvent une surprise, un précieux diamant que personne n'aurait jamais pensé trouver, tout du moins, pas là où on aurait pu croire trouver des sentiments aussi chauds, aussi fous, aussi déraisonnés. Bien souvent, c'est un sentiment que l'on confond avec une forte amitié, surtout lorsque les personnes sont du même sexe, ou bien c'est une chose que l'on se force à ignorer, par peur, désespoir ou quoi que ce soit d'autre, puisque cet attachement est la chose la plus difficile à supporter. Comment masquer un tel ressenti lorsque, se trouvant face à celui que l'on aime plus que tout, notre cœur se met à battre à une vitesse instable, rattrapant peu à peu l'écoulement-même du Temps ? Avec tant de difficultés, le jour s'évapore, laissant place à la nuit, laissant place au manque cruel de son sourire, de sa voix, de son regard sombrement délectable, laissant place au désir de le retrouver au plus vite.
Chaque seconde de la nuit se trouve ralentie, comme pour un enfant dégustant avec soin une glace longtemps désirée, laissant alors place aux doutes les plus cruels, aux larmes les plus tranchantes, aux interrogations les plus vaines. Serait-ce pour cela que tant de personnes préfèrent s'envoler vers le monde des rêves ? Puisque l'oubli est toujours une meilleure solution que la souffrance, n'est-ce pas ? Qui embrasserait l'angoisse plutôt que l'euphorie ? Alors oui, il est plus simple de se laisser aller à l'insouciance plutôt que de se déchirer près des démons de la nuit.
Les aiguilles de l'horloge accélèrent leur vitesse, dessinant des cercles de plus en plus lourds, de plus en plus insupportables. Il n'y aura bientôt plus que de d'absurdes blessures, de stériles chimères, et pourquoi ? Pour un simple châtiment qui aura autant blessé le puni que la victime.
Peu accordent une réelle importance à ce qui ruisselle entre leurs doigts, mais lorsqu'un décompte se fait sur votre propre peau, lorsque chaque fois que son visage se trouve en face du votre, vous revoyez le fait que jamais vous ne serez celui qui passera sa vie à ses côtés, comment lutter face au fait que la douleur remplit votre cœur en cette sombre nuit d'hiver ?
Peut-être que, finalement, la nuit n'est pas une chose aussi belle que ce que l'on pourrait croire ? Peut-être qu'observer la lune briller et illuminer les villes fantômes n'est pas assez beau ? Ou bien serait-ce de voir les étoiles brillant en plein ciel qui n'est pas assez beau pour les yeux d'Hommes anodins tels qu'eux ? Faudrait-il simplement attendre que ces heures sombres passent malgré leur lenteur ? Faudrait-il vraiment laisser ce temps se perdre simplement par la faute des ténèbres qui en sont les maitresses ? Ce n'est pas un choix simple, n'est-ce pas ? Alors comment être certain de faire le bon choix ?
La vie n'a que deux certitudes : elle se terminera tout comme elle a commencé, pour tous et toutes, là est le seul pied d'égalité qu'elle offre, et le temps sera le seul maître de cette égalité, changeant l'objectivité en doucereuse subjectivité. Tout le reste n'est qu'une simple question de décisions. Lorsque ces deux points sont mis de côtés, il ne reste qu'un immense labyrinthe où chacun décide de son chemin. Lorsque l'on ouvre une porte, une multitude d'autres s'offrent à notre regard désabusé, et ainsi se poursuit la vie. Mais lorsque l'une est franchie, un retour en arrière est interdit par le temps. Il y a donc tant de possibilités que le bonheur et le malheur n'en deviennent qu'un. Mais il n'y aura jamais de bonne réponse. On pourra toujours croire avoir ouvert la mauvaise porte, cela n'empêchera jamais aux actes d'exister et d'être marqué noir sur blanc dans le livre de nos vies. Les regrets sont donc comme un mot que l'on essaye de rayer mais que rien ne peut effacer malgré tous nos efforts, à l'image des mots de Chronos.
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Éphémère [BxB]
RomanceAylan est un jeune homme de 21 ans à la vie plus que normale. Ses journées ont toujours été comme celles de n'importe qui : étudier, travailler, s'amuser avec ses amis et passer du temps avec celle qu'il aime. Toutefois, puisque le temps ne peut êt...