Éphémère [BxB]

Chapitre 16 : Aylan

Je ne sais clairement pas ce que je fais. Moi-même je ne comprends pas mon geste. J'ai paniqué et, au lieu de fuir, j'ai juste... Juste fait comme s'il était Emma. C'est totalement stupide, puisqu'il n'est pas elle, elle ne serait jamais venue d'elle-même me voir après une dispute, encore moins en risquant d'être vue dans les dortoirs masculins, et pourtant, lui, il l'a fait, et je l'ai embrassé... Il venait sûrement s'excuser, quitte à mettre sa fierté de côté, ne serait-ce que pour que je puisse m'endormir sans penser au fait que j'ai vraiment pu le blesser, et moi, je l'ai juste embrassé... Je lui ai volé son premier baiser avec un « humain »... Et j'imagine que je devrais me détester pour ça, tout autant qu'il le devrait également, mais bordel, jamais je n'aurai pu croire que ses lèvres seraient si douces, et juste ça me fait immédiatement oublier tout le reste... Elles sont si délicieuses que même me détacher de lui devient l'un des pires supplices au monde, si fort que je le croirais presque insurmontable. Et le fait qu'il s'accroche ainsi à moi ne me vient pas le moins du monde en aide, bien au contraire.

J'aimerai me reprendre, j'aime Emma, et je n'ai jamais ressenti une quelconque attirance envers qui que ce soit du même sexe, et pourtant, en ce moment-même, la seule chose que je souhaite c'est profiter de ce baiser plus que maladroit et pourtant si délectable. Ne va-t-il pas me détester pour ça ? Honnêtement, je crois que tout serait bien plus simple si la réponse était positive. Je pense que je m'attache de plus en plus à lui, et que tout ça est bien trop mauvais... Après tout, si j'en crois ses mots, il finira par disparaître comme il est apparu, et si je continue de m'attacher encore et encore à lui, qui sait à quel point je pourrais souffrir... Mais en ce moment-même, mon cœur ne semble pas prêt à accepter de le lâcher, me dictant simplement de toujours le garder plus près de moi. Notre destin est sûrement déjà voué à l'échec mais... Mais je ne suis même pas capable de vraiment le réaliser à l'heure qu'il est.

Profitant un dernier instant du toucher de ses lèvres sur les miennes, je finis par le lâcher, non sans un petit pincement au cœur. Inconsciemment, et avant même qu'il n'ose me regarder, j'observe son visage rougie, sûrement par le froid mais sans doute également par ce qui vient de se passer entre nous deux, et ma langue vient lécher mes lèvres, comme si j'en demandais encore, comme si ce seul essai avait suffi à me rendre littéralement dépendant de ce goût légèrement sucré que m'ont offert ses lèvres. C'est stupide, et pourtant, je pense que je n'avais jamais eu ce genre de réactions, pas même avec Emma.

Imbécile, à quoi tu penses ? Reste concentré, n'oublie pas que tu étais en colère contre lui !

Je suis bête, bien sûr que je lui en voulais. C'était si bon que j'avais même oublié ce petit détail, bordel... Il est vraiment fort pour perturber les gens j'imagine... Et j'aimerai pouvoir lui en vouloir encore plus rien qu'à cette idée, mais honnêtement, est-ce réellement possible de ressentir une quelconque forme de haine, même la plus minimale, lorsqu'il m'offre un visage aussi déroutant que celui-ci ?

Bon... Il faudrait sûrement que je mette fin à ce silence, n'est-ce pas... ? Après tout, je suis celui qui lui a volé un baiser... Mais que dire ? « Pardon de t'avoir embrassé mais c'était juste pour ne pas qu'ils disent quoi que ce soit » ? Ce n'est pas en les laissant nous observer que j'ai réglé quoi que ce soit ! Bien au contraire, j'ai sûrement empiré les choses... Et je suis presque sûr que ce serait plus gênant pour lui qu'autre chose... Alors, honnêtement, je ne pense vraiment pas que ce soit la meilleure idée au monde... Bon sang, que je peux être stupide ce soir... !

Tentant de réfléchir à une possible phrase pour m'expliquer, puisque je ne connais pas vraiment moi-même le réel sens de mon baiser, je remarque enfin que, finalement, ils sont partis. Au moins, mon acte plus qu'irréfléchi nous aura permis de ne pas avoir à nous justifier... J'imagine que c'est toujours mieux que rien, n'est-ce pas ?