Chapitre 21 : Elion

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« Charlie ! Mais ça ne va pas ? »

Alors que sa mère l'engueule, je reste abasourdi, tout comme Aylan. Je sais bien que cet enfant ne disait pas ça pour être méchant, jamais Aylan ne s'attacherait à quelqu'un qui serait tout bonnement mauvais, je sais que je peux faire confiance à son instinct, mais alors... Est-ce que j'ai le droit d'espérer qu'il me voit en tant que moi-même, et pas seulement en tant qu'Emma ? C'est tellement fou d'imaginer qu'Aylan ne serait plus le seul à pouvoir me parler sans pincettes que j'ai presque peur d'y croire. Je crois sincèrement que, si c'est une blague, elle est de très mauvais goût.

Comme s'il tentait d'apaiser les tensions, Aylan se met à rire, s'approchant de moi pour poser sa main sur le haut de mon crâne et ébouriffer mes cheveux, soufflant près de mon oreille qu'il m'avait prévenu qu'avec ces vêtements, on pourrait me prendre pour un garçon, mimant le fait de vouloir que ça reste entre nous alors qu'il le dit juste assez fort pour que le reste de sa famille l'entende.

Honnêtement, je ne suis pas sûr que j'aurai été capable de réagir aussi vite et aussi vite que lui...

Mimant le fait d'être Emma, je lui donne un petit coup sur l'épaule, rouspétant légèrement sous le regard amusé des personnes nous entourant qui ont visiblement déjà tout oublié de ce que vient de dire le petit se trouvant en face de moi. Et, profitant de ce petit instant paisible, Aylan finit par décréter qu'il est désormais temps pour nous de partir et, en quelques secondes, nous nous retrouvons déjà bien loin du restaurant, tentant presque de fuir avant que l'enfant qui lui tient la main ne dise quoi que ce soit d'autre « d'étrange ». Mais il ne faut pas attendre beaucoup plus longtemps avant que la petite voix fine de Charlie ne se fasse entendre.

« Aylan ? Pourquoi est-ce que tu prends la main d'un garçon ? A l'école, à chaque fois que j'essaie de le faire, on me dit que ce n'est pas bien... »

Nous arrêtant dans un parc vide, Aylan va s'asseoir sur un banc froid et prend Charlie dans ses bras. Ne comprenant pas vraiment ce que son cousin fait, il semble perdu mais attend tout de même avec grande impatience une réponse.

« Alors déjà, n'écoute pas les personnes qui disent ce genre de chose, tu peux prendre la main de qui tu veux du moment que cette personne l'accepte, d'accord ?

- Mais personne ne veut jamais me donner la main, encore moins les garçons.

- Parce que personne ne leur a jamais dit qu'ils avaient le droit ! Il va falloir que super Charlie le leur dise, n'est-ce pas ? »

Charlie se met à rire, acquiesçant comme s'il acceptait une mission très importante.

« Et ensuite, petite terreur, décris-moi cette personne-là.

- Bah... Il est tout blanc, et il a les yeux noirs. Les cheveux aussi. On dirait une poupée, tu es une poupée ? »

Je reste silencieux, ne sachant pas vraiment comment répondre. C'est comme si, inconsciemment, je ne savais plus comment parler. J'ai peur d'accepter le fait qu'il puisse me voir, parce que oui, il m'est impossible de me cacher la vérité en prétextant qu'il puisse s'agir de la description d'Emma, puisqu'elle est tout mon contraire. Alors... Ce petit de sept ans me voit vraiment... ?

« Pas une poupée, un petit ange. »

Sentant le regard lourd d'Aylan sur moi, je ne peux m'empêcher de détourner le regard, affaiblie par le simple fait qu'il m'observe. Mais, même si j'essaie d'ignorer sa présence, tentant de me concentrer sur Charlie, je ne peux m'empêcher de me sentir brûler de l'intérieur. Il me détaille de ses magnifiques prunelles. Aylan m'observe, et cette seule pensée me fait trépigner de bonheur.

Éphémère [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant