Chapitre 18 : Aylan

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Qu'est-ce que je fais... ? J'ai l'impression de ne même pas avoir réfléchi avant d'acheter ça... Parfois je me demande si je suis vraiment seul dans ma tête. C'est comme si, par moments, ce n'était pas vraiment moi qui prenait les décisions. La preuve est que je ne saurais dire à quoi je pensais en me rendant au centre commercial. Et maintenant que j'en ressors, ce petit sac à la main, je réalise que je ne sais même pas si je devrais lui offrir. Certes, je ne le voyais pas passer son premier et peut-être seul noël parmi nous sans lui offrir quoi que ce soit. Quel genre de personne aurais-je été ? Mais, en réalité, je n'ai même pas encore osé l'inviter à venir passer la nuit du réveillon chez ma tante... Je voulais vraiment le faire l'autre jour mais j'ai fini par complètement oublier ce point avec toutes les choses qui sont arrivées entre temps, principalement nos petites disputes... D'ailleurs, j'aurai aimé être capable de lui faire comprendre que j'avais réellement été blessé par ses gestes et, même si ça peut paraître stupide, j'aurai vraiment aimé être assez solide pour lui faire la tête quelques jours de plus mais, sincèrement, est-ce réellement possible de bouder quelqu'un comme lui plus longtemps que je n'ai déjà réussi à le faire ? La personne qui y parviendra sera vraiment très forte... !

Enfin... Maintenant, il serait peut-être temps que je me mette à réfléchir sur la façon dont je vais l'inviter à venir demain soir... Après tout, Hysae organise une petite soirée pour le réveillon et ça ne m'étonnerait pas que Georgie y aille alors, ne serait-ce que pour rester dans le rôle d'Emma, je ne serais pas surpris d'avoir été devancé et qu'il refuse alors par respect pour Hysae et Georgie... Je sais qu'Emma, elle, n'aurait pas hésité une seule seconde, elle aimait beaucoup trop les fêtes. J'avoue que, sur ce point, nous étions totalement contraires. Peut-être est-ce pour ça que nous n'avons jamais célébré noël ensemble.

Refermant la porte de ma chambre derrière moi, je n'accorde pas une grande importance à Joseph. Il joue encore sur son téléphone donc je ne vais pas le déranger pour un simple « bonjour ». Mais c'est vrai qu'en y réfléchissant bien, il doit sûrement savoir qui va se rendre à la fête de ce boulet d'Hysae donc si Elion a déjà dit oui, il devrait le savoir, normalement... Mais ça ne va paraître bizarre si je lui demande si ma propre « petite amie » se rend à cette soirée ? Surtout que, connaissant celui qui se trouve à quelques mètres de moi, il ne va pas hésiter à me charrier une seule seconde !

Soupirant, je range le petit sac sous mon lit, profitant du manque d'attention de mon colocataire pour ne pas subir le torrent de questions qui sortirait tout naturellement de sa bouche. Je n'ai vraiment pas envie de longuement parler sur quelque chose que je ne connais pas moi-même.

Me laissant tomber sur le lit, j'enfonce ma tête dans mon coussin, me remémorant le torse fin et pâle d'Elion. Il était si finement taillé et pas du tout musclé, comme celui d'un enfant, c'était vraiment mignon, je suis obligé de l'admettre... Et mon dieu, qu'est-ce que j'aurai aimé y déposer un petit baiser ! Je crois que j'aurai définitivement perdu la tête... Et quand je pense que sur cette peau sans le moindre défaut trône une si grande tâche qui complète à la perfection la mienne, je me dis que ce n'est vraiment pas hasard si je suis le seul à pouvoir le voir. Je pense que je commence à réaliser, petit à petit, à quel point je suis chanceux de l'avoir dans ma vie. Elle aurait été bien triste si je ne l'avais pas connu... C'est sûrement stupide de dire ça puisque, si je ne l'avais jamais vu, je n'aurais sûrement même jamais ressenti de quelconques sentiments un tant soit peu proches de ceux que je ressens pour lui mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'un énorme vide emplirait ma vie sans sa présence...

Un large soupir s'échappe de mes lèvres, faisant réaliser à Joseph que je suis là, alors que je sens le bas de mon corps se réchauffer petit à petit. Rien que de me souvenir de la sensation de ses cheveux ébène glissant entre mes doigts suffit à faire battre mon cœur plus rapidement, alors le simple fait de repenser à la courte soirée que nous avons passé ensemble dans l'entrepôt me rend totalement fou. Il y a des moments comme celui-là qui restent gravés dans nos mémoires sans que nous n'y puissions rien. Ce genre de moments tellement délectables que rien ne serait capable de les effacer, pas même la disparition de la personne qu'on aime tellement. J'ai bien l'impression que je suis dans l'obligation de reconnaitre mes sentiments... J'ai beau mentir à qui le voudra, me mentir à moi-même ne serait qu'une nouvelle perte de temps, n'est-ce pas ? Autant reconnaitre dès à présent que... Je suis... Homosexuel...

Éphémère [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant