Chapitre 24 : Elion

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Les paupières lourdes, je peine à me lever. Une large douleur dans le bas du dos me retient, me laissant presque tomber alors que mes jambes tentaient de me soutenir. Mon regard peine à s'habituer à la forte lumière m'entourant, si bien qu'une vague d'appréhension m'entoure rapidement. Inconsciemment, une part de moi ne veut pas accepter ce que l'autre sait déjà. C'est une lumière que je ne connaissais que trop bien, ce genre de choses impossibles à oublier... Mais c'est impossible, puisque je devais encore rester sur terre pour presque trois mois... Je dois sûrement être en train de rêver, n'est-ce pas ?

Mais lorsque je tente de refermer les yeux, comme si cela allait m'aider à me sortir de cette affreuse illusion, j'entends des voix que je n'aurais jamais pu oublier, même avec toute ma bonne volonté. Ses cordes vocales vibrant afin de laisser s'échapper un son grave, j'entends mon père parler, comme si la honte l'incombait. Je ne saurais dire avec exactitude ce qu'il est en train de dire, ni avec qui il est en train de parler, mais je sais que c'est lui, tout comme je suis certain qu'il est en train de parler de moi. Après tout, si je suis bien rentré là où je n'ai jamais eu ma place, il a sûrement déjà commencé à reprendre ses bonnes vieilles habitudes. Enfin... S'il les a un jour abandonnées. Qui me dit qu'il ne s'amusait pas à me critiquer, alors même que j'étais sur terre ?

Des pas s'approchent de moi, alors même que je m'assois sur ce qui semble être un lit. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre, je ne sais même pas pourquoi je suis ici, mais je continue d'espérer, au plus profond de moi, que tout ça ne soit qu'un vulgaire cauchemar. Cependant, lorsque la porte en face de moi s'ouvre, je suis obligé d'affronter la réalité en face. Mon père se tient là, devant moi, le regard toujours aussi sévère, comme si je n'étais qu'un moins que rien, comme s'il me considérait alors comme un simple humain dérisoire, et rien de plus. Je sais qu'il a horreur des êtres qu'il pense inférieur, et, avant, je sais que j'aurai immédiatement pris leur défense, me permettant ainsi de le défier et de lui montrer que je ne suis pas qu'un petit chien, mais aujourd'hui, je n'y accorde même plus d'importance. Après tout, j'ai appris à les aimer, tous autant qu'ils sont, alors je n'ai besoin de rien d'autres. Je ne suis plus cet imbécile qui agissait sans réfléchir, et je n'ai plus besoin de prouver quoi que ce soit. Alors je me moque de tout bonnement de son regard, de lui, et de tout le reste.

Inspirant lourdement, il prend la parole.

« Je ne pensais pas que tu pourrais un jour me décevoir plus que ta simple existence ne le faisait déjà. »

Quelle tristesse, j'étais persuadé du contraire.

« J'imagine que tu sais déjà que tout le monde est courant.

- Au courant de quoi ?

- Du fait que tu t'es accouplé avec un humain. »

Mes joues prennent une légère teinte rouge. Non pas que je sois mal à l'aise à l'idée que celui qui me sert de paternel soit au courant, mais bel et bien parce que, malgré moi, les images de la nuit derrière remontent à une vitesse incroyable dans ma mémoire. C'est presque comme si je pouvais encore sentir son souffle chaud embrasser mon cou, comme si je pouvais encore savourer le goût de ses lèvres sur les miennes, comme si ses mains continuaient de caresser chaque parcelle de mon corps... Et je ne peux oublier le nombre de fois où il m'a dit qu'il m'aimait... C'était si intense que je me souviens encore de toute la chaleur qui m'emplissait au fur et à mesure que l'on se découvrait mutuellement...

« Tu ferais mieux de l'oublier, dès maintenant. Arrête de penser à lui. Il a déjà tourné la page, lui. »

Je serre le poing. Je n'aime honnêtement pas sa manière de parler, tout comme je n'aime pas la manière qu'il a de parler de lui. Je voudrais honnêtement pouvoir le faire taire, et lui dire qu'il se trompe totalement, mais je dois garder mon calme, si bien que je commence à parler avec le plus de sérénité qu'il me soit possible d'avoir en ce moment-même. Lui offrant un sourire hypocrite, j'élève doucement la voix.

Éphémère [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant