Vie médiocre.

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Je suis assise en classe, écoutant à moitié le cours de philo qui se tient devant moi. Je n'ai jamais été branchée par cette manière, et il y a de quoi, ce foutu prof ne nous aide pas à l'aimer. Pendant que je regarde par la fenêtre, activité plus intéressante que le cours devant moi, j'aperçois un père et une mère tenant la main de leur fille. Je souris tristement à cette vue. Je n'ai pas vraiment connu les miens à dire, leur accident de la route est arrivé à l'âge de mes uns an, je peux donc dire que mes souvenirs à propos d'eux sont inexistants. Après ce terrible événement, je fus mise à l'orphelinat, n'ayant pas de proche pouvant me prendre parmi eux. Cela fait donc seize ans que je me balade dans les couloirs ternes de cette maison aux enfants pleurant à chaudes larmes chaque nuit. Nombreuses ont étés les familles qui sont venues me voir pour m'adopter, mais pour je ne sais quelles raisons celles-ci finissaient toujours par renoncer. J'entame ma dernière année dans cet établissement, arrivée à ma majorité, je me retrouverai à la rue, avec l'objectif de faire ma vie sans aide. Je fus sortie de mes pensées par un bout de papier me heurtant la tête. Quelle fut ma non-surprise lorsque j'aperçois une insulte écrit au marqueur noir, cela ne pouvait être que Rémi. Ce garçon, qui était en ce moment même en train de mimer un vomissement, s'avère être celui que je connais depuis le plus longtemps. Cela remonte à déjà loin l'époque où il ne pouvait pas me voir. J'ai toujours été son souffre-douleur, et cela ne me dérangeais pas vraiment, après tout si je pouvais servir à quelqu'un ? Le plus faible, c'est lui dans l'histoire, moi je ne fais que l'ignorer. D'un côté, je le remercie d'être aussi désagréable avec moi, il est le seul à me porter de l'importance, même néfaste. Je suis comme un fantôme dans cette classe, personne ne sait vraiment qui je suis, même les profs semblent parfois perturbés de me voir leur répondre « présent » à leur appel. Tout ce cinéma me fait m'effacer moi-même. Je ne m'occupe pas vraiment de mon physique, je le laisse se faire seule, à lui de voir s'il se réussit ou pas. Si les gens m'entendaient penser ils, me prendraient sûrement pour une folle à réagir comme ça. La sonnerie annonçant la fin de la journée résonne dans tout l'établissement scolaire. Sans grande raison de me dépêcher, je prends tout mon temps pour ranger mes affaires.
Traînant mes pieds par mon envie inexistante de rentrer, je me mets à penser à une vie autre que la mienne. Aurais-je été une autre personne si mes parents seraient encore en vie ? Où serais-je là même fille ennuyeuse que je suis maintenant ?
Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, ayant atteint un certain âge, la responsable de l'orphelinat me demande souvent de l'aide pour m'occuper des enfants, et c'est bizarrement avec grande joie que je le fais. Moi aussi petite, je suis passée par la, et j'aurais aimé qu'une personne s'occupe à temps soit peu de moi.
Je me dépêche de poser mes affaires dans ma chambre avant d'aller chercher les enfants un par un dans leur chambre. Tous les soirs, après que je rentre du lycée, nous faisons une activité ensembles, cela leur permet de se rapprocher et de ne jamais rester seuls dans leur coin. Pendant que je leur demandais de former des animaux en papier, certains semblaient réjouis et d'autre, ennuyés. Je m'assois à côté de Louis, un petit qui est arrivé il y a peu de temps. D'après la directrice, son père aurait tué sa mère devant les yeux du pauvre enfant, avant de se tuer lui-même. Malgré ce cauchemardesque événement, je n'ai jamais vu ce petit garçon montrer la moindre tristesse, ni même aucun sentiment. Je crains malheureusement le futur qu'il le frappera.

Après avoir mangé et amener chaque enfant se préparer et se coucher, je passe dans chaque chambre dire bonne nuit. Arrivée à la mienne, je pars me doucher et m'apprêter à aller dormir. Comme toujours la journée est passée à une lenteur infinie et c'est en m'endormant, que je rêve une nouvelle fois à une vie différente de la mienne.

Une deuxième vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant