Chapitre 8

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Une quarantaine de minutes plus tard, j'arrive au centre-ville huppé où s'étalent et s'élèvent des gratte-ciels imposants et chics. Je me présente à l'accueil et chemine avec le réceptionniste vêtu d'un costume cintré jusqu'aux ascenseurs. Il pose une carte magnétique sur le lecteur pour me permettre d'accéder à l'étage du PDG d'Iscade.

Les portes de l'élévateur coulissent et m'offrent le panorama incroyable de son penthouse. Ce sera, en une semaine, ma deuxième visite ici. Je me surprends toutefois à encore l'admirer comme si c'était la huitième merveille de ce monde. La décoration est pourtant sobre avec ses touches de bleu marine sur l'un des deux sofas incurvés, et de noir et de gris sur l'autre canapé de la même forme en face.

Sur la route, Isaac m'a écrit un mail qui expliquait de façon concise que je le trouverai sur la terrasse. Je traverse donc le living et passe l'encadrement des baies vitrés ouvertes. De ce que j'ai pu noter, il adore travailler au bord de sa piscine. Il a pourtant un bureau à domicile.

— Bonsoir, dis-je en arrivant.

Même si l'alcool n'est pas encore redescendu, j'arrive à équilibrer mes pas.

— Bonsoir, avez-vous les dossiers ?

Je les brandis fièrement en voulant contourner la méridienne sur laquelle il est installée, mais je me heurte à un obstacle – le pied de la table – et trébuche en criant malgré ma volonté de rester digne...

Mon patron se lève à la hâte et me rattrape in-extremis. Son bras entourant fermement ma taille, je me retrouve plaquée avec force contre son torse. Contre son bassin. Son souffle chaud s'écrasant dans mon cou. Très consciente de tout cela, mon cœur pulse fort. Je baisse mon regard vers son bras où une ou deux veines s'y montrent.

— Merci pour ce sauvetage inespéré.

Dès que son bras se déroule, je m'éloigne et me mets face à lui, l'esprit en vrac.

— Faites attention à où vous mettez les pieds.

— Oui.

« Oui » ? Vraiment ?

Je glisse une main dans mes cheveux bouclés et m'installe sur le grand sofa face aux lumières scintillantes de la ville. La vue sur San Diego est imprenable à travers les immenses verrières.

— Je vous sers quelque chose à boire ?

— Oui, j'aimerai bien un verre d'eau, s'il vous plait.

Quand il disparait, j'ouvre mon rapport et mon PC dans le but d'y mettre un peu d'ordre. Hélas, mon corps refuse de suivre la cadence : j'ai des remontées acides et mes paupières s'alourdissent malgré moi.

N'ayant pas la force de combattre la volonté de mon corps, je m'accorde un petit moment de répit le temps qu'Isaac revienne. J'allonge ma tête sur le dossier du canapé en me servant de mes bras comme oreiller. La brise du ventilateur caresse ma peau, incitant mon corps à produire des frissons.

Même lorsque j'entends mon patron revenir, je ne pompe pas assez de force en moi pour revenir à une position plus professionnelle.

— Vous allez bien, Madame Carlson ?

Aucune trace de rigueur dans sa voix, mais le plus étonnant c'est qu'il n'y a aussi aucune trace de bienveillance. Je me redresse avec la force d'un mort vivant et hoche la tête.

— Si vous avez besoin de rentrer chez vous, faites-le, continue-t-il en s'asseyant.

Là, que mon corps le veuille ou non, je suis de nouveau en pleine forme et prête à fonctionner. Les points négatifs ne doivent pas s'accumuler.

HeliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant