Chapitre 19

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Alors que je m'apprête à rejoindre mes collègues au quinzième, je reviens sur mes pas et rallume la lumière du bureau : je dois encore mettre les doigts sur ma montre. En raison des techniciens qui ont commencé le nettoyage de l'office d'Isaac, j'ai travaillé depuis mon appartement pendant une bonne partie de la journée, avant de venir ici malgré tout. Passer une journée entière chez moi avec John dans les parages n'a pas été de tout repos.

Je m'agenouille pour inspecter sous mon secrétaire. Je soupire en ne trouvant pas ma montre. En me redressant, je réfléchis à l'endroit où elle pourrait être. Elle ne peut pas avoir disparu quand même ! Je l'ai laissé ici hier... Mon regard est attiré par l'entrée de l'antre.

La porte, ornée d'un tableau, est entre deux des quatre fauteuils d'attente destinés aux clients. Je presse sur un petit bouton à côté, me demandant à quoi il sert. Dans un léger bruit mécanique, la porte s'ouvre doucement.

C'est une sorte de salle de repos slash cuisine, d'environ trois mètres de long et de largeur. Un tapis rectangulaire tissé plat, une grande plante verte dans un pot marron, un fauteuil orange, un mini-frigo, un petit plan de travail et quelques étagères avec des livres, de la nourriture... et la tasse que je lui ai offerte, seule sur sa propre étagère. Si c'était dans ma série préférée, un doux feu de passion se matérialiserait probablement au niveau de mon cœur...

J'inspire profondément et sors du bureau.

En cette fin d'année, la compétition chez Iscade devient plus intense, chaque employé cherchant à obtenir une promotion. C'est pourquoi la soirée de sept à neuf que j'organise est la dernière de l'année. Pour ma part, rien ne changera puisque je n'ai pas de possibilité d'avancement dans ma carrière. Je resterai l'assistante de direction avec autant de travail qu'auparavant.

— Hé, Ayan ! s'exclame Lena alors que j'entre dans la pièce. Baisse légèrement l'éclairage, s'il te plaît.

Je diminue l'intensité des lumières pour créer une atmosphère plus chaleureuse, marquant ainsi le début de la soirée. Les jeux simples s'enchaînent, les verres s'avalent, et les rires résonnent autour des repas que chacun a apportés. Au fil de la soirée, je ne suis pas surprise de ne pas voir Isaac apparaître. C'est juste une petite déception de plus.

— Miller.

La voix un peu pâteuse de Lena se détache des autres.

— Pourquoi tu ne me parles jamais comme tu lui parles ? murmure-t-elle, faisant cesser la conversation de Daphné avec Miller.

— On appelle ça une attirance mutuelle, la taquine-t-elle en posant la tête sur l'épaule de mon collègue.

— Je dirais plutôt une affection sélective, réplique Lena, faisant glisser son doigt entre les deux en plissant les yeux. Ou peut-être juste une illusion d'harmonie. Vous ne matchez pas tous les deux.

Au début, Daphné était froide et distante avec Miller, mais l'arrivée de Lena l'a incité à être plus décontractée avec lui.

— Laissons Miller décider, propose Daphné.

— C'est une excellente idée ! s'exclame Lena en souriant. À toi de jouer, Milou. D'après le test de compatibilité que j'ai fait avec nos prénoms, nous sommes compatibles à quatre-vingt-cinq pour cent, ce qui prouve que je ne suis pas un choix risqué.

— Ne l'écoute pas, Miller ! intervient Noelia.

— Putain, je ne savais pas que tu étais à ce point un Don Juan, mec, plaisante un collègue en tapotant Miller sur l'épaule. Donne-moi le secret pour qu'elle se batte aussi pour moi.

Des rires éclatent dans la pièce avant qu'un silence presque solennel ne s'installe. Au fond de moi, j'espère que Miller ne donnera pas de réponse. Ayant entendu Lena parler de lui à plusieurs reprises, je sais que ses sentiments sont sincères, et je ne veux pas qu'elle soit blessée.

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