Chapitre 10

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Nos mains entrelacées et une main agrippant ce qui est censé être ma cuisse. Voici les photos que Robert a posté de Isaac Moreno et moi. Du moins, les prétendues photos de nous. Pour rendre les clichés plus réels, l'ancien assistant est allé jusqu'à reproduire le grain de beauté qu'Isaac a au niveau de son pouce et son index.

Nos doigts s'effleurent lorsqu'il saisit la souris de mon PC, sans savoir que ce contact vient de me donner une bouffée de chaleur... et un frisson dans le bas-ventre.

— Depuis qu'il a démissionné, il m'a harcelé d'appels et de messages en me prévenant qu'il allait me pourrir la vie, dis-je. Je suis désolée, je n'avais aucune idée qu'il irait aussi loin et qu'il vous y impliquerait.

— Il a vraiment poussé le vice loin, murmure-t-il, plus pour lui-même que pour moi.

J'incline ma tête vers l'arrière et sens mon aplomb se ramollir en réalisant à quel point nos visages sont proches. Les mots qui voulaient quitter la barrière de ma bouche se meurt. Sans le contrôler, mon regard glisse discrètement sur ses lèvres avant de replonger dans ses yeux. Suis-je démente d'affirmer que ses prunelles viennent de faire exactement le même et lent voyage ? 

Isaac se redresse, son visage sombre de détermination.

— Ce n'est pas votre faute, déclare-t-il en sortant et composant un numéro sur son téléphone.

— Qui appelez-vous ? demandé-je, la voix peu assurée.

— Mon avocat, répond-il en contournant le bureau. Et ensuite, la sécurité informatique. Nous devons faire retirer ces images et prouver qu'elles sont fausses.

Je me sens légèrement rassurée par son assurance, mais la peur ne disparaît pas complètement. Et si cette fois Robert m'attendait à présent dans mon appartement ? Qu'est-ce qui l'en empêche après tout ?

Isaac termine ses appels et se tourne vers moi, son regard plus doux.

— Vous allez bien ?

— Oui.

— Vous devez aller porter plainte contre Robert.

— Ils ne me prendront jamais au sérieux, soupiré-je doucement en me levant. Sans marque physique, il n'y a rien qui peut corroborer avec mon témoignage.

— Vous porterez plainte pour atteinte à la vie privée et diffamation, déclare-t-il. Je renforcerai la plainte avec d'autres accusations.

Le ton de sa voix est si rassurant que je me laisse convaincre. Ainsi, je hoche la tête. Mais alors que je crois que cette conversation est terminée, il fronce les sourcils et pointe un index dans ma direction.

— Qu'est-il arrivé à votre chemisier ? me demande-t-il droit dans les yeux.

— Il avait un couteau de poche, réponds-je, la voix nouée.

Comme si ma réponse lui avait mis une claque, son bras retombe le long de sa silhouette alors qu'il scrute chaque parcelle de ma peau dans un silence religieux. 

— Que vous-a-t-il fait après ça ?

— Rien, confié-je. Il l'a déchiré par accident.

— Je peux vous croire sur parole ?

Une chaleur réconfortante se répand dans ma poitrine malgré la situation. Ce n'est pas un sentiment normal. Il ne devrait pas avoir le pouvoir de m'émouvoir à ce point alors que c'est mon patron.

— Oui, Monsieur Moreno, confirmé-je, remettant de la distance intentionnellement entre nous.

Je retourne vers mon secrétaire afin de récupérer rapidement mes effets personnels et dit :

HeliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant