Chapitre 28

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Assis dans un des deux grands sofas de son salon, cela fait environ trois minutes qu'Isaac et moi nous disputons sur le fait que je refuse de l'accompagner à San Francisco.

— Tu viens avec moi.

— Non.

— S'il te plait.

Je me laisse tenter par l'idée d'être là-bas avec lui dans mon imaginaire. C'est beau, romantique, inti... Mon mini-moi chasse brusquement ces possibilités.

— C'est imprudent, argumenté-je. On nous voit déjà trop souvent ensemble.

— C'est l'un des seuls endroits où on sera tranquille.

— Ils vont tous savoir ce que je ressens pour toi dès qu'ils vont nous voir tous les deux.

Il réfléchit et parait, l'instant d'après, accéder à ma requête. Je me réjouis que cette guerre d'argument ait enfin trouvé un point final. Je me reconcentre donc sur l'écran télévisé.

— J'ai besoin de toi là-bas, revient-il à l'assaut.

Le coup bas.

Je plante un regard réprimandant sur lui.

Il s'approche de moi et se penche pour m'embrasser dans le cou.

— S'il te plait...

Il affaiblit une à une mes prises de positions. Je saisis ses mâchoires et dépose un baiser lent et suave sur ses lèvres. Ses doigts trainent sur ma taille, il en demande plus et m'en donne plus. Je m'assois à califourchon sur lui.

Nous sommes encore dans l'euphorie de cette nouvelle relation. En une semaine et demie, nous nous sommes vus absolument tous les jours. Je ne parle pas des heures où nous sommes à Iscade, mais bien des soirées où je suis rentrée avec lui. Le plus souvent, on ne fait que discuter, d'autres fois, on se découvre encore plus intimement.

— C'est oui ?

— Oui, tu as gagné, je viens.

Je mets ma faiblesse d'opinion sur le coup de l'euphorie et du manque de sa présence qui me rongera de trop.

— Les concessions c'est important, me remercie-t-il à sa manière en m'embrassant.

Quand il débraille mon chemisier, ses mains courent sous celui-ci, couvrant ma peau de sa chaleur. Je frémis en me lovant contre lui, bénissant son cou de baisers tendres. J'ai peur de ne jamais m'y faire à la volupté de ses caresses. Ou... peut-être que je devrai juste voir cela comme un bon signe que chaque jour ressemble toujours à la première fois.

Deux sonneries de téléphone rompent notre étreinte. Nous soupirons, mais ne réfléchissons pas et allons à la recherche de nos appareils. Dans mon cas, c'est un appel de John, et pour Isaac, c'est un associé. Ils ont rendez-vous dimanche après-midi à son arrivée à San Francisco.

« Oui ?

— Je suis grave désolé de te déranger mais il faut que tu rentres.

Même s'il ne peut pas le voir, j'ai un air sarcastique.

— Pourquoi ?

— Parce que tu as fermé la porte à clé.

Merde. Je clos les yeux et soupire en jetant mon cou vers l'arrière.

— Ouais, erreur de débutant.

— Tu ne peux pas récupérer ces affaires une autre fois ?

— Non, j'en ai vraiment besoin.

Je soupire encore, défaitiste.

— OK, j'arrive.

Je raccroche et me tourne vers Isaac qui fait tinter les couverts dans la cuisine. Il se prépare un café.

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