Chapitre 7

5.5K 366 46
                                    

Pour marquer le coup de ma première journée de travail auprès d'Isaac Moreno, j'ai porté ma couleur préférée. Un chemisier orange tanné accompagné d'un de mes jeans clair bootcut.

Ding !

En descendant de l'ascenseur, avec mon humeur éclatante comme cela n'a presque jamais été le cas ici, mon talon aiguille rentre par mégarde dans les rails de porte de l'ascenseur. La seconde qui suit, je me sens chuter dans un ralenti incontrôlable, tout cela en poussant un crie d'effroi qui alerte tout le couloir.

Le BOUM ! final arrive d'un coup, faisant resurgir brusquement l'écho des voix de mes collègues arrivant au bureau en même temps que moi. Mon chocolat chaud acheté dans le café à côté ruissèle sur les carreaux de porcelaine blanc. Avec mon embarras, c'est l'élément le plus douloureux de ma matinée.

— Oh mon Dieu, tout va bien ?

Non.

La secrétaire d'accueil de l'étage a contourné son poste de travail pour venir me tendre sa main.

— Oui, merci, je mens en acceptant son aide.

À moitié debout, je m'effondre encore malgré moi. Ma collègue exclame sa surprise en tentant de me rattraper, mais des secondes trop tard.

À travers les vitres de chaque office, je perçois des paires d'yeux fouineuses, et même des sourires goguenards. C'est pourquoi, malgré ma contrariété, je ne m'emporte pas contre mon talon cassé. Je les retire simplement, remercie encore la secrétaire et marche pieds nus vers le bureau de mon ancienne cheffe directe.

Sur ma route, je tape un message à ma sœur. Elle garde toujours une vieille paire de basket dans son sac car elle ne supporte pas les talons plus de trois heures. Et là encore, ça tient de l'exploit. Elle me répond dans la minute avec un émoji pouce en l'air, en rajoutant qu'elle passera après sa réunion de ce matin.

Je cogne à la porte de la DRH et rentre. C'est encore mon bureau jusqu'à ce que j'aie signé le contrat version papier et rangé toutes mes affaires. Je la salue du bout des lèvres et m'enfonce dans la pièce. Les cliquetis de Magda Selipsky ne cessent pas une seule fois malgré ma présence.

Mon nouveau contrat de travail jonche en plein milieu de mon bureau. Je m'empare d'un stylo et marque ma signature sur les parties inférieures des feuilles. Après quoi, je supprime mes informations confidentielles de mon poste de travail, range mon pot de fleur, un cadre photo de ma famille, ma tasse de chocolat et mon porte-stylos fabriqués par moi-même. Au bout d'une dizaine de minutes, toutes mes affaires sont empilées dans un carton.

Quand je pose le contrat sur le bureau de la DRH, ce n'est qu'à ce moment qu'elle détache son regard de son PC pour le diriger vers le dossier ; elle l'étudie un court moment et lève ensuite les yeux vers moi.

— Votre tenue du jour n'est pas adaptée au code vestimentaire de l'entreprise.

Perturbée, mes sourcils frétillent alors que je dirige mes yeux vers ma tenue. Mes pieds nus s'affichent en grand plan. J'avais déjà oublié ce détail.

— J'attends une nouvelle paire de chaussures, mes talons se sont cassés, expliqué-je.

— Dépêchez-vous de le faire, Isaac est un homme occupé.

La porte du bureau s'ouvre à ce moment. Je regarde donc par-dessus mon épaule et découvre Lena, affaires éparpillées dans ses bras frêles. Magda Selipsky se lève et la rejoint.

— Vous travaillerez dans le bureau en face, je vais vous y conduire.

Elle aura son propre bureau ?!

HeliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant