Ce samedi après-midi, je le passe à faire les comptes. Grâce à mon emploi d'assistante, j'ai presque suffisamment d'épargne pour me louer un studio de création ouvrir ma boutique en ligne dédiée à mes œuvres en céramique et en argile. Je suis tellement impatiente de pouvoir bientôt vivre de ma passion. Je me demande comment ça ira. Aurais-je des clients ? Est-ce que cette vie me plaira jusqu'à la fin ?
Quand on frappe à ma porte, je ferme mon calepin et me lève. Je n'ai aucune idée de qui cela pourrait être. Cela peut être Isaac comme Phil, à qui j'ai donné mon adresse au cours d'une de nos discussions. Se pourrait-il que ce soit lui ? Le coup d'œil dans le Juda me donne une réponse rapide : c'est Isaac. Je lui ouvre, curieuse de connaitre la raison de sa venue. Mais d'abord, ce sont les frissons des souvenirs de la veille qui se jouent de mon cœur quand je le regarde. Et une crainte vient avec : est-il là pour me dire qu'il me licencie parce qu'il regrette ce qui est arrivé ?
— Pourquoi n'es-tu pas habillée ? demande-t-il, les sourcils froncés.
Je fronce aussi les sourcils en détaillant ma tenue. C'est là que ça me revient : son invitation à diner ! J'écarquille les yeux et la bouche.
— Ce n'était pas une invitation prononcée sur le moment ?
Isaac esquisse un air pris de court.
— Pourquoi elle le serait ?
Oh, punaise.
— Je croyais qu'avec l'alcool, tu disais des choses que tu ne pensais pas. Pire, je pensais même que tu ne te souviendrais de rien, avoué-je.
— Nous avons bu du champagne hier, répond-il, comme si cela relevait d'une réponse évidente.
— Donc... pas de trou de mémoire ? tenté-je de me rassurer encore malgré tout.
Pendant un instant de silence, il me parcoure avant de se pencher un peu plus près, son regard brûlant d'une intensité qui me fait frissonner.
— Jusqu'où souhaites-tu que je me souvienne ?
Je perds doucement pied. À sa voix, on dirait qu'il me demande la permission de se rappeler. Il est clair que nous avons franchi une limite irréparable, pourtant, j'ai encore envie de donner une voix à mon cœur.
— Même si tout ça me terrifie à cause de mon contrat de travail et du tien, j'aimerai que tu gardes le souvenir de cette soirée.
— Ça me rassure que tu sois consciente des risques que cela implique, répond-il en parcourant. Pour autant, je ne regrette rien.
Il marque une pause où la confusion tire ses traits et rajoute :
— Je me surprends même à espérer que ce soit aussi ton cas.
— Je ne t'aurai pas demandé d'en garder le souvenir, sinon...
En réponse, il se penche légèrement et m'embrasse, sa main enlaçant ma taille pour m'aplatir contre son bassin.
— Habille-toi, dit-il contre mes lèvres. Je t'attends dans la voiture.
Une heure plus tard, nous arrivons dans le restaurant français qu'Isaac a privatisé. À notre entrée, l'atmosphère feutrée et élégante nous enveloppe instantanément. Le sol, en parquet ancien, craque légèrement sous nos pas.
Nous sommes conduits à notre table, située en face de la cuisine ouverte. Une grande vitre sépare la salle à manger de l'espace où les chefs s'affairent. À travers cette paroi transparente, nous avons une vue imprenable sur tout ce qui se passe à l'intérieur.
Le serveur, vêtue d'un uniforme classique, s'approche pour nous présenter les menus, tandis que le sommelier attend patiemment à quelques pas de là, prêt à nous conseiller sur les vins qui accompagneront notre repas. Ce sera la dégustation intégrale du menu. Le premier plat qui nous est servi est un tartare de saumon fumé.
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Helium
RomanceAyan Carlson est une jeune femme radieuse ayant des ambitions qui la poussent à aller chercher un emploi auprès d'Isaac Moreno, sans savoir qu'avec autant de persévérance, elle est déjà en train de mettre leur relation à rudes épreuves. ...