L'ascenseur de chez moi est en panne cette après-midi. C'est une mauvaise journée sur tous les plans car ma chocolatière a aussi cessé de fonctionner. Même si je refuse de laisser ces deux évènements entaché ma bonne humeur, c'est plus fort que moi.
Je peste en rejoignant la cage d'escaliers. Je ne franchis qu'un seul pallier pour rejoindre le rez-de-chaussée que je tombe sur un humain enroulé dans une grosse pelote de couette. L'odeur qui s'en dégage est puante, mais elle m'intrigue surtout. Aucun SDF n'a jamais réussi à squatter la cage d'escaliers du bâtiment. Comment cette personne a-t-elle fait ? Va-t-elle bien au moins ?
Je consulte ma montre et, décide dans la seconde que cela ne me coute rien de faire preuve de bienveillance pendant cinq petites minutes. Je m'accroupis à sa hauteur.
— Eh...
La couette se meut sous les gesticulations de l'individu. Je balaie ses affaires des yeux avec pudeur. Un objet rond et bleu attire soudain mon attention. Je tends ma main jusqu'à son sac et tire le globe terrestre. J'y crois pas, pesté-je en soupirant. Je pivote de nouveau mon corps face à la silhouette.
— John.
Il se contente de marmonner dans son sommeil alors je le bouscule plus fort.
— John !
Ça a le mérite de le faire sortir de sa torpeur dans un sursaut. Il se frotte le visage, les yeux, et les ouvre pour les planter sur moi. Sa voix endormie résonne :
— Ayan, tu fais quoi là ?
Je retiens une grimace à cause de son haleine.
— Je suis chez moi, réponds-je en me levant.
À son tour, il se redresse et s'assoit contre le mur en repliant ses jambes recouvertes de sa couette miteuse contre son torse.
— Tu vas prévenir la concierge ?
Sa remarque me contrarie. Pour qui me prend-il ?
— D'habitude je disparais plus tôt... j'ai juste eu une nuit difficile hier, clame-t-il en regroupant à la hâte ses affaires.
— Écoute, je dois rejoindre ma sœur.
Je brandis entre nous le trousseau de clé de mon appartement. La confusion alourdit sa mine. Pourtant, il se lève quand même en chancelant un peu.
— C'est à contrecœur que je te les donne, alors ne touche à rien sans ma permission, l'intimé-je. Je serai de retour dans la soirée.
Dès qu'il attrape les clés, j'entame de nouveau ma descente. Je l'entends encore :
— Je peux manger quelque chose ?
Je regrette déjà cette invitation.
— Oui.
Je jette un autre coup d'œil à ma montre, plus par réflexe que par envie de découvrir le temps que j'ai perdu. Je me redresse et dévale les escaliers, vêtue de mon ensemble de tennis. Quand j'arrive au pied de mon immeuble, Malika, assise au volant de sa voiture aux vitres baissées, me bombarde de questions :
— Qu'est-ce qui t'as pris tout ce temps ?
— Ma chocolatière, déclaré-je en grimpant à bord de son véhicule.
Malika déteste John, alors savoir que je le laisse séjourner chez moi pendant un temps indéterminé pourrait la rendre furieuse. Je veux éviter cela alors que c'est notre journée entre sœurs ; ou j'ai spécialement convié Simone pour me faire pardonner mon absence à son anniversaire.
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Helium
RomantikAyan Carlson est une jeune femme radieuse ayant des ambitions qui la poussent à aller chercher un emploi auprès d'Isaac Moreno, sans savoir qu'avec autant de persévérance, elle est déjà en train de mettre leur relation à rudes épreuves. ...