Chapitre 17

4.4K 292 24
                                    

Madame Curtis est officiellement en rémission, d'après les docteurs ! Certes, c'est une rémission partielle, mais elle se sent en pleine forme. Lorsqu'elle me l'a annoncé la semaine dernière, c'était par le biais d'une lettre que j'ai reçu directement chez moi. Une lettre qui, par la même occasion, m'invitait à sa soirée de rémission. C'est la première fois que j'assisterai à ce genre d'événement. Je ne savais même pas que c'était un truc à vrai dire.

Tandis que j'arrange les derniers détails de ma tenue, mon portable posée sur les rebords du lavabo vibre tellement qu'il tombe dans le creux de l'évier. J'abandonne le zip arrière de ma robe un instant pour décrocher, et mettre mon patron en haut-parleur. Il est en voyage d'affaire à Seattle depuis la semaine dernière et ne retourne à Iscade que ce lundi.

« Oui, allo ?

Je contorsionne à nouveau mes bras vers l'arrière afin de reprendre entre mes doigts la fermeture éclair. 

— Est-ce que vous avez le rapport de vente de cette semaine sous les yeux ?

— Ayan ! crie John depuis le salon. Si tu veux, je peux être ton chauffeur personnel, ce soir.

— Euh... soufflé-je, déconcentrée.

— J'ai besoin de me dégourdir les jambes. En plus, j'imagine que tu vas boire donc pour le bien des autres conducteurs, envisage cette possibilité.

— Un instant, Monsieur, lancé-je en ouvrant la porte de la salle de bain.

Trop tard, John est déjà là et il s'exclame :

— Waouh ! T'es canon, Nana...

— Chut ! chuchoté-je d'une voix dure. Je suis au téléphone avec mon patron.

Je le pointe du doigt :

— Et ne m'appelle plus, Nana !

Je lui claque la porte au nez et retourne près du lavabo. Je suis assaillie par la colère. Je soupire légèrement, essayant de rester courtoise mais surtout de regagner contenance.

— Désolée, Monsieur Moreno, je suis en train de me préparer pour une soirée importante. Je ne pourrai pas m'en occuper tout de suite. Je vous enverrai ça dès que possible, mais pour l'instant, je dois vraiment y aller.

Mes lèvres et ma voix tremblent de colère à cause du surnom qu'a utilisé John.

— Bonne soirée, dis-je en raccrochant. »

Je tire un bon coup sur la fermeture éclair qui se ferme enfin, et sors en furie de la salle de bain, sans me douter que John est resté accoudé contre un mur adjacent. Cela m'arrache un léger sursaut.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? demandé-je, essayant de garder mon calme.

— Je fais de mon mieux ici pour ne pas être dérangeant et c'était juste un compliment. Pas besoin de t'emporter comme ça.

— Je m'emporte parce que tu es de trop, John ! Parce que tu as eu l'audace de me tromper, dans mon propre lit, avec une autre femme ! rétorqué-je, ma voix montant en intensité. Et maintenant, tu es ici, chez moi, comme si de rien n'était ! Et je dois en plus ne pas m'emporter à chaque fois que tu dépasses les limites !

— Ouais, d'accord, Ayan la petite-amie parfaite qui a tant souffert, on a entendu cette histoire un milliard de fois ! Tu peux changer de disque maintenant ?! Putain ! s'énerve-t-il en frappant le tas de feuilles sur le meuble près de lui.

Mon cœur, que je croyais déjà suffisamment brisé par lui, semble s'érafler à nouveau. Et ce n'est pas parce que je l'aime encore, mais bien parce qu'il ne regrettera jamais la peine qu'il m'a causé.

HeliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant